Fragment #14 - Dans le bureau

C’est déjà le cinquième rendez-vous au commissariat. Et toujours aucune issue.
Il me parle, s’énerve, transpire, mais je le regarde, toujours très longuement, et il n’y a décidement aucune issue. Je me tairai, même si je peux en tirer des problèmes.

Le commissaire se lève, et ouvre la bouche dont sortent des sons sans doute reliés à un sens pour les gens. Ils se bousculent dans ma tête, se cognent, et en ressortent pour s’étendre doucement sur le sol, d’où ils ne peuvent se relever. Les mots sont morts, sont étendus sur le parquet, et l’employé(e) du ménage viendra les déposer dans la corbeille à papier, pour qu’ils disparaissent par le chemin des ordures.
Mais il parle toujours, devient rouge, tend le doigt dans ma direction, pose sa main très rapidement sur la table, et ce mouvement, à chaque fois, émet un son sourd épais. Il secoue des feuilles, m’en montre une, dispose des photos devant moi, puis, avec un début de sourire, tente de s’assoir sur le bureau, se tait longuement tout en continuant à me regarder, et se relève brusquement pour plonger bruyamment les lèvres dans un gobelet en plastique.

C’est ce dont j’ai rêvé la nuit dernière, mais c’est en ce moment. Mais je suis en train de rêver, donc ce doit sans doute représenter la scène de demain.
Mais cela ne me semble pas être possible.

Le commissaire continue, il retourne derrière son bureau, prend un air lassé et supérieur, puis claque des doigts, suivant alors des yeux les deux autres policiers qui rentrent alors dans la pièce, l’air sévère, s’approchent de moi et me prennent les bras, pour me conduire dans le couloir, puis dans une cellule isolée.
Je tape au barreau pour réclamer du papier ; il ne faut pas cesser d’écrire.