Vendredi 29 août 2008
TGV 3589, Wagon 3, Siège 47
2h37. Comme on aurait pu s'y attendre, le train est presque désert ; ce n'est donc pas le bruit. Normal pour l'heure, il fait nuit dehors ; ce n'est pas ça non plus. Comme justement il n'y a presque personne nous nous sommes installés sur d'autres sièges que ceux que nous avions réservés afin d'avoir davantage de place, même si cela reste exigu pour mes grandes jambes ; ça pourrait être ça. J'ai bien essayé de compter les moutons mais ils sautent par-dessus les sièges et disparaissent. Il n'y en a finalement plus à compter avant même que je me sois endormi. Lilian, lui, a réussi. Moi je sais que je n'y arriverai pas naturellement, c'est comme ça depuis que je suis petit. Je n'ai jamais réussi à m'endormir dans les transports : voiture, car, train, bateau. Il n'y a que l'avion que je n'ai pas essayé, mais de toute façon là on est dans un train, et c'est maintenant que je souhaite m'endormir, alors je ne vois pas à quoi ça m'avancerait de réussir à m'endormir dans un avion. Je n'aime pas ces méthodes mais je m'y résigne. J'attrape mon sac sur le siège de la rangée d'à côté, et je fouille. Des baskets et des chaussettes, quatre maillots, une lampe, un k-way, mon portefeuille. Je farfouille dans ma trousse de toilette : brosse à dent, dentifrice, gel, Biafine, Nacl, cotons. Pas de trace de ce que je cherche.
« C'est où bordel !?! » Je commence à m'énerver.
Je retourne mon sac dans l'allée. Quelques têtes se retournent dans l'allée. Je ne suis pas le seul à ne pas dormir.
Tiens, une bouteille d'eau, je la pose avec douceur sur mon siège, ça peut servir. Je me penche sur cet amas de tissus et de plastique. Lilian se redresse. J'ai dû le réveiller.
Il baille et demande : « Alex, boaaaoa - bâillement - Tu cherches quoi ?
- Le sommeil ! »
Je n'ai pas levé la tête pour lui parler, mais je la lève pour lui montrer mes yeux qui s'excusent à ma place de lui avoir parlé aussi sèchement. Je m'y replonge.
« Ah voilà, je savais bien que je les avais pris.
- Tu ne vas pas prendre des somnifères maintenant, on va bientôt descendre du train. »
Je remets tout soigneusement dans mon sac. Ça m'occupe de prendre mon temps. Lilian s'est rendormi. C'est pas croyable de se sentir chez soi partout.
La voix du train nous annonce qu'il reste une vingtaine de minutes avant d'arriver à Salon de Provence. Je garde précieusement mes somnifères dans ma poche, j'en prendrai un dans le train suivant dès que je serai installé. Je n'attendrai pas. Ensuite Lilian me réveillera, nous irons chercher Julian, demain matin nous serons de retour à Dijon et tout ira bien. Attends Alex ! L'Underground c'est une boîte de nuit, il faudra donc attendre qu'il fasse nuit avant de pouvoir l'y trouver. Gros soupir. Voyons le bon côté des choses, on n’aura pas fait le voyage pour rien, et on pourra faire un semblant de tourisme dans la capitale espagnole en attendant la nuit. La suivante. Celle où je ne pourrai pas non plus dormir.