Fragment #74 - Bienvenue en Enfer

Je suis enfermé dans le noir. Je n'ai pas de montre. Je ne sais pas depuis combien de temps je suis là. Et puis j'ai dormi. Et je ne sais pas combien de temps. Si je me fie à la faim que j'éprouve je dois être là depuis au moins un jour. Ma tête me tourne. J'essaie de penser. De penser à ce qui s'est passé. Mais je n'y arrive pas. Et j'ai faim. J'essaie de ne pas penser que j'ai faim. Mais je n'y arrive pas. Je n'entends aucun bruit. Aucun bruit extérieur à ma cellule. Aucun bruit à l'extérieur de moi. J'entends mon cœur battre. J'entends mon estomac qui grogne. J'entends ma respiration. Inspirer. Expirer. Je ne sens rien en dehors de mon souffle. Aucune odeur. Je ne sens rien. Mais je sens mon souffle. Je le sens sur mes mains qui sentent mon visage. Je sens mon corps engourdi par la faim. Même si je ne vois rien, je ferme les yeux. Je ne veux pas voir le noir qui m'entoure. Je ne vois pas pourquoi je suis enfermé ici. Je ne vois pas pourquoi Jé n'est pas là. Je ne veux pas voir la vérité. Je ne veux pas voir en face ce qui s'est passé. En fait, j'essaie de ne pas penser. Je ne veux pas penser à ce que j'ai vu. Mais rien à faire. C'est ça ou la faim. Ca ou le noir. Mais ce que j'ai vu me dérange. Me dérange presque autant que la faim. Presque autant que d'être enfermé dans le noir. Je commence à trembler. Je commence à ne plus contrôler. Je me mets à hurler. Je m'arrache les cordes vocales. Je hurle. Comme si je devais cracher hors de moi cette peur, cette frustration. Je me mets à frapper du poing. Je frappe les murs, le sol. Je me jette contre les murs. Je ne sais pas pendant de combien de temps je fais ça, mais mon corps me lâche. Je m'effondre sur le sol. Toujours aucun bruit, aucun signe de vie en dehors de ces murs. Je ferme les yeux encore sur cette obscurité. Je dois me calmer. Je ne suis pas là depuis longtemps, mais je ne supporte pas cet isolement. Cette antichambre de la mort. Non. Pas de la mort. De la folie. Car je crois que je deviens fou. Mes pensées me rendent fou. Je voulais essayer de penser, mais finalement je ne veux pas. Je voudrais désactiver mon esprit. J'ouvre les yeux. Il fait trop noir. Trop. Les yeux ouverts ou fermés, ça ne change rien. Je sens les larmes me venir. S'il vous plaît, aidez moi, sortez moi d'ici. J'ai rien fait de mal. S'il vous plaît, aidez moi, sortez moi d'ici. S'il vous plaît, aidez moi, sortez moi d'ici. S'il vous plaît, aidez moi, sortez moi d'ici. S'il vous plaît, aidez moi, sortez moi d'ici. S'il vous plaît, aidez moi, sortez moi d'ici...