Fragment #449 - Des larmes de soufre

Maura me borde un peu. Elle me regarde. Elle me sourit. Je jette un oeil à Dimitri, qui détourne les yeux. Mon visage s'empourpre aussitôt. Si ce foutu voisin de lit n'était pas là, j'aurais tenté de parler à Maura. J'aurais...
Tu n'aurais rien du tout.
La ferme, Maya, tu ne dois plus me parler.
Tu n'es qu'un sale petit couard, Julian. Tu n'aurais jamais parlé à Maura.
La ferme !
Oh, mais j'y pense, je suis ton « toi » désinhibé, n'est-ce pas ? Tu veux un coup de main peut-être ?
Arrête, Maya, arrête tes conneries...
Laisse-moi faire Julian, tu pourras bientôt la chevaucher ta jolie infirmière.
Je t'en prie ne fais pas ça...
« Eh, Maura. »
Maura se retourne, stupéfaite. Je ne l'ai jamais appelée comme ça.
« Oui Julian ?
- Je me demandais, je lance avec un sourire, ça te dirait de baiser avec moi ? »
Dimitri se redresse sur son lit et fronce les sourcils. Le sourire de Maura s'évapore.
Regardez mes chéris, ça va devenir intéressant.
« J'ai une putain d'envie de te baiser, Maura Malvo. Et si Dimitri veut se joindre à nous, il est le bienvenu... »
Je me lève d'un pas assuré. Je sens le feu qui brûle en moi animer mon corps d'un éclat divin. Je sens que je suis plus fort et plus beau que je ne l'ai jamais été.
« Julian, tu n'es pas toi même, calme-toi.
- Que je me calme ? Mais je me trouve très calme. Je ne vous saute pas dessus, je n'essaye pas de vous égorger, je ne prends pas la fuite de ce foutu hôpital de merde. Vous voyez, je suis parfaitement docile. Par contre, j'en ai assez d'entendre les pensées érotiques de Julian à ton égard et de les garder pour moi...
- Arrête ça ! je crie.
- Mais non Julian, regarde comme c'est drôle, les gens aiment connaître la vérité. Si Maura avait un minimum de décence, elle se serait barrée depuis longtemps, mais regarde comme elle reste devant nous et m'écoute parler, comme si j'étais la Pythie de Delphes.
- Laisse moi tranquille ! »
Je m'écroule, secoué de spasmes violents. Des larmes s'écoulent le long de mes joues.
Des larmes de soufre.