Fragment #12 - Pris sur le fait

Je prends le bus en hâte pour rejoindre l'hôpital. Il paraît que Julian a fait une crise. Robin me tient la main, au diable les regards dégoûtés des gens dans le bus qui chuchotent sur notre passage. Au diable votre mépris, votre haine. Je sens mon coeur qui palpite dans ma poitrine, et la peur.
Nous courons dans les couloirs blancs de la clinique et arrivons à la chambre de Julian. Maura, l'infirmière, est là, avec un médecin et Guillaume Boyer, le psy, et Dimitri, le garçon qui servait au Dionysos après le départ de mon frère et qui a été interné récemment (comme si ce bar rendait fou). Julian est allongé dans son lit, immobile, les yeux fermés, la bouche légèrement entrouverte. Son front est mouillé de sueur. Le médecin nous demande ce que nous faisons ici Robin et moi, et je réponds que je suis le frère de Julian et que c'est Maura qui m'a appelé. Apparemment, vu le regard que lui lance le médecin, je ne suis pas certain qu'elle en avait le droit. Elle lève les yeux au ciel et rappelle au médecin que ça n'est pas vraiment le plus important pour le moment. Parce qu'elle est drôlement gentille, Maura. Elle sait que c'est moi qui suis allé chercher Julian en Espagne pour le ramener ici, elle sait combien je m'inquiète pour lui.
Puisque le médecin veut que nous sortions, elle nous accompagne hors de la chambre et nous explique que Julian est tombé dans le coma. Je pose ma tête sur l'épaule de Robin, les yeux mouillés de larmes. Il dépose un baiser sur mon front.
Juste au moment où papa et maman arrivent à leur tour en courant.