Altaïr
| Sujet: Fragment #24 - Les conseils de l'oncle Jean 12.12.08 18:14 | |
| Vendredi 12 décembre 2008 à Dijon Déborah m'a accompagné à la clinique après mes cours. Elle va essayer de voir Dimitri, pendant que moi, de mon côté, je rends visite à mon oncle, toujours hospitalisé après son terrible accident de moto en bas de chez moi. Ca devient agaçant, à la longue, d'avoir toujours quelqu'un à qui rendre visite ici. Entre les cours de médecine, et tous ces malheurs qui tombent sur les gens de mon entourage, j'ai l'impression que ma vie ne tourne plus qu'autour de ça : la frontière entre la vie et la mort, à la fois dans la théorie et la pratique. Heureusement, personne ne meurt (pour le moment). Jean est allongé dans son lit, et là, doucement, il se rétablit. « Comment ça va ? je lui demande en m'asseyant sur la chaise à côté de son lit. - Ca ira mieux quand je serai loin d'ici, mais sinon ça va, il me répond. J'ai une de ces envies de fumer ! - Tiens bon, ça va passer vite... En plus les médecins disent qu'ils sont confiants, que tu te répares vite. - C'est gentil de venir en tout cas. - Ben quand même, t'es mon oncle ! Et puis je me sens un peu coupable, aussi, vu que tu as eu ton accident en venant me voir... - Arrête voir tes bêtises, Lilian. Dis-moi plutôt quand est-ce que tu me présentes ton petit ami. » Mon cœur s'arrête de pulser un instant, avant de se lancer dans un rythme fou. Le sang me monte aux joues et dans les tempes, mes mains deviennent moites. Est-ce qu'il a bien dit - ? Est-ce qu'il sait ? Mais comment est-ce qu'il sait ?! « Quoi ? je dis, incapable de prononcer un autre mot tellement ma gorge est soudainement asséchée. - Lilian, j'ai compris des choses à ton sujet, tu sais. C'est pas parce que toute ta famille est aveugle -ou ferme les yeux- que c'est mon cas. - Mais je... ça se voit ?... - Physiquement, non. Mais j'ai connu beaucoup d'homosexuels quand j'avais ton âge, j'ai moi-même eu des expériences avec des garçons, histoire de voir. Alors disons que je suis très fort, et que j'ai deviné. » Je n'ose pas le regarder. J'ai du mal à réaliser qu'il soit là et qu'il sache, juste à côté de moi. Depuis quand est-ce qu'il s'en doute ? Pourquoi est-ce qu'il me dit ça ? « Tu ne le vis pas bien ? il me demande. - Ca dépend, je dis, d'une voix rauque. Avec mes amis, ça va. Et encore, pas tous. - C'est du côté de la famille, que ça bloque, j'imagine. - Un peu... - Ton petit ami, il en pense quoi ? - Ben lui, c'est pas pareil, ils sont très ouverts. Et puis de toute façon on ne se voit plus, lui et moi. - Aïe. Ca faisait longtemps ? - Ca devrait fait un an, là... - Et c'est fini, fini ? - Je sais pas -ça me fait bizarre de parler de ça avec toi là ! - Tu veux qu'on change de sujet ? - Ben oui, heu, je sais pas. Non, en fait. - Alors dis moi pourquoi ça s'est terminé. - Je sais pas, il a commencé à fréquenter un garçon, Laurent, il dit que c'est un ami mais je crois que c'est un peu plus que ça. J'ai arrêté de l'appeler, et lui il me parle plus non plus. Ca doit vouloir dire qu'il n'est plus amoureux. - Et toi, tu es encore amoureux ? - Je... oui je crois. Mais y a un autre garçon qui me plaît... Je lui ai jamais parlé mais... - Tu veux un conseil, Lilian ? Un bon vieux conseil d'un tonton qui en a vu, des choses, qui a vécu des tas d'histoires ? - Je veux bien... - D'abord, va voir l'autre garçon, celui qui te plait. Si ton petit ami a été voir ailleurs, tu peux aussi aller assouvir ta curiosité. De toute façon, peut être que tu ne lui plais pas, à cet autre garçon, peut-être qu'il n'est pas attiré par les hommes. Va le voir, parle-lui, et tu en auras le cœur net. - Mais j'oserai jamais faire ça ! - Laisse-moi finir. Si il dit non, retourne voir ton petit ami et dis lui que tu l'aimes encore. Et met les choses au clair avec lui. L'important, c'est de se donner un ordre dans lequel faire les choses, et surtout, surtout, surtout, de parler. C'est pas en ressassant les choses ni en les laissant mariner dans ta tête que les soucis vont partir. - D'accord... - Ensuite, pour ce qui est d'oser ou pas oser, il faut que tu aies un peu plus de cran, mon vieux. T'es jeune, t'es pas bête, t'es mignon comme tout, t'es généreux. Tu mérites une part de bonheur, et tu mérites surtout qu'on t'aime. Alors fonce dans le tas, et si ils se rendent pas compte de ce qu'ils perdent, tant pis pour eux. - Le truc, je réponds, les larmes aux yeux tellement je suis touché, c'est que j'ai la fac de médecine et... - Arrête de te trouver des excuses, et file. Et pour finir, c'est la même chose avec tes parents. Tu peux pas vivre toute ta vie dans l'angoisse de leur réaction. Ils t'aiment, ces vieux cons, ils ne peuvent pas ne pas t'aimer. Alors ne laisse pas les années se barrer, parce qu'elles se barrent drôlement vite, crois-moi. Fais pas la même erreur que moi, qui suis toujours seul à mon âge, et qui le regrette amèrement. » Les larmes me brûlent les yeux. Je les ravale, parce que je ne veux pas pleurer devant mon oncle, me relève, lui souris, et je cours hors de sa chambre. Guillaume doit encore être à l'hôpital. Il faut que je le trouve. | |
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Alhena
| Sujet: Re: Fragment #24 - Les conseils de l'oncle Jean 12.12.08 18:24 | |
| Hip hip hourra pour Jean!!! Super frag! | |
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Altaïr
| Sujet: Re: Fragment #24 - Les conseils de l'oncle Jean 14.03.09 15:06 | |
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| Sujet: Re: Fragment #24 - Les conseils de l'oncle Jean | |
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