Fragment #28 - Prise de bec avec Elodie

Julian et Lilian rentrent à l'appartement en sortant du Dionysos, et moi je vais passer chercher Léa chez Elodie. Ca fait du bien, de se retrouver comme ça, entre frangins. Et j'suis pas peu fier de mon idée de cadeau pour les parents, parce que c'est vrai que ça leur ferait du bien, de voyager un peu. Par contre, j'y avais pas pensé, mais si on fête le jour de l'An tous ensemble et que Théo voit Julian et Lola ensemble, ça risque de pas être cool pour lui. Il a beau faire celui qui s'en sort, à mon avis, ça lui foutrait les boules quand même. Merde, faudra que je trouve un moyen d'empêcher ça, moi.
Je me gare pas loin de mon ancien appart', avenue du Drapeau. A chaque fois que je reviens ici, je me sens bizarre. Comme un truc qui me fait mal dans la poitrine, je sais pas pourquoi. Une sorte de pincement.
La petite me saute dans les bras en me voyant, sa mère me lance un regard pincé. Elle aime pas ça, voir que Léa me voit toujours comme son père. Elle voudrait que la petite finisse par m'oublier, et la garder pour elle toute seule. C'est une sacré conne, Elodie, en fait. Je me demande comment j'ai fait pour vivre avec elle comme ça aussi longtemps sans m'en rendre compte.
« Florian, il y a un petit problème, en fait.
- Quoi ?
- En fait ça ne va pas du tout être possible, pour les fêtes.
- Hein ?
- Je vais garder Léa pour la première semaine des vacances et te la laisser ensuite. Je pars au ski avec des amies pour le jour de l'An.
- Heu mais moi je l'ai déjà pas eu à Noël l'an dernier Elodie.
- Tu l'auras l'an prochain, qu'est-ce que ça change, en fait ?
- Ben ça change que je devais l'avoir pour Noël, c'est mon tour, c'est tout.
- Léa, tu peux aller dans ta chambre ma chérie ? Ton père va faire une crise, j'en ai bien peur. »
La petite obéit, et je sens que je vais exploser. Elle me cherche, cette pute, elle me cherche. Elle a envie que je lui éclate la tête, c'est pas possible autrement. Elle va voir, si elle continue, ça va vraiment mal se passer. Tu vas voir la crise qu'il va faire, papa, tu vas voir.
« Bon, Florian, dis-moi où est le problème ? Je ne peux pas te demander un service, c'est ça ?
- Elodie, arrête de me chercher...
- Ce que tu peux être agressif, en plus ! J'en ai marre de supporter tes sautes d'humeur tu sais, il faut que tu apprennes à te contrôler, c'est absolument invivable.
- Mais putain merde tu joues à quoi là ?! Tu m'imposes tes trucs et après tu t'étonnes que je pète les plombs ?!
- Il faut vraiment que tu te fasses soigner, Florian.
- Arrête de dire « Florian » comme ça là à la fin de tes phrases comme si j'étais un gamin putain !
- Tu peux te calmer, oui ? »
Je reprends mon souffle, je ferme les yeux. Dans ma poitrine, maintenant, y a mon coeur qui bat un rythme de fou, incontrôlable.
« Elodie, tout ce que je veux, c'est passer Noël avec ma fille. Tu comprends ça ? Je veux que ma fille voie son papi et sa mamie, ses tontons, et surtout son papa. Je veux qu'elle sache qu'on l'aime, nous aussi.
- Ok, puisqu'on peut rien te demander, tu l'auras comme tu veux. Pour quinze jours même, de toute façon je peux pas la garder pour le jour de l'An. Merci Florian, merci beaucoup. »
Elle me tourne le dos, furieuse, et va préparer la valise de Léa.
« De toute façon, elle ne vous aime pas, toi et ta famille de cinglés. »