Aldébaran
| Sujet: Fragment #43 - Mouillé 10.04.08 17:08 | |
| Mardi 29 août 2006 à Dijon Je suis à la maison. Je n’y ai pas bougé depuis samedi dernier. Jon devrait rentrer demain, et j’ai décidé de l’attendre bien gentiment sur le canapé, devant la télévision. Julian n’est pas repassé à la maison. Je l’attends toujours, mais il ne semble pas d’humeur à me revoir. Dommage. J’aurais bien discuté encore un petit peu avec lui. Je suis sûr que nous avons encore beaucoup de choses à nous dire. Nathan n’est toujours pas disponible. Je pense t’avoir cerné, Nathan, peut-être ne nous reparlerons nous même plus jamais… mais ta boîte est toujours là, contre moi. Avec dessus notre petit symbole rien qu’à nous. La clé. Pourquoi voulait-il que Julian me rencontre ? Pourquoi lui avoir permis d’accéder à notre secret, à notre symbole personnel ? Heureusement, il n’a rien vu. Il fallait le connaître pour pouvoir le reconnaître, ce petit symbole rien qu’à Nathan et moi. Une fourche à deux dents. Je caresse encore le petit coffret. Ariane entre dans la salle. Depuis quelques temps, je la trouve bizarre, ma petite sœur, je la trouve changée, en porte-à-faux vis-à-vis de moi. Mais pourquoi ? Sait-elle quelque chose que je ne sais pas ? M’en veut elle pour quelque chose que j’ai dit comme ça, sans vraiment y penser ? J’ai forcément dû faire quelque chose de mal, sinon ses yeux ne me transperceraient pas ainsi. Elle ne veut pas que j’approche Julian, ça je m’en suis rendu compte ; mais elle veut me voir fuir Jonathan aussi. Je me décide à sortir avant que la pluie ne reprenne. Sortir et me promener dans les rues de Chenôve. A peine la porte est-elle refermée qu’une odeur de mouillé me prend. Ça sent l’herbe humide, le gazon détrempé et le béton brille sous les phares des voitures. J’ai l’impression de manger de l’herbe à chaque bouffée d’air. La pluie se remet à tomber, doucereuse d’abord, entraînante, charmeuse, dégoulinant sur mes habits qui semblent la rejeter. Puis plus forte et battante, détrempant mon manteau de coton. Et cette odeur de mouillé qui me prend aux narines, cette impression de plonger dans une nature luxuriante de verdure mouillée. Je cours pour rentrer à la maison. Devant le portail, je prends une dernière bouffée de cette douceur humide que j’aime tant. Puis j’ouvre la porte, déposant mes vêtements détrempés au sol. Implorant Ariane de m’aider. Je ne la trouve nulle part. je me traîne jusqu’à la salle de bains, déposant mes dernières couches sur le carrelage froid, boxer et chaussettes blanches. Puis je me glisse, félin détrempé et de mauvaise humeur, sous la brume bouillante d’une douche relaxante. Mon corps se confond et perd toute forme dans le brouillard bouillonnant. | |
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