Aldébaran
| Sujet: Fragment #44 - Un Homme Extraordinaire 10.04.08 17:09 | |
| Mercredi 30 août 2006 à Dijon Je suis chez Jonathan. Cela faisait pas mal de temps que nous nous étions pas vu. Je suis content d’être de nouveau avec lui, tout contre son corps. Je suis en train de lui masser les épaules. Je le sens tendu sous mes doigts. Jonathan m’a l’air différent aujourd’hui. « Qu’est ce qui ne va pas ? - Je ne sais pas, il me répond, je suis triste, j’ai revu un peu mes amis à Langres, discuté avec une amie d’enfance. Je me demande si c’est bien ce qu’on fait, tu sais. Finalement, on ne se connaît pas si bien que ça… - Il suffit de chercher à en savoir plus l’un sur l’autre. Etre complémentaires, ça ne vient pas comme ça, tu sais, Jon, il faut le vouloir. Et j’ai envie d’être ta moitié.» Son dos se raidit encore un peu plus sous mes mains, j’essaye d’être plus ferme, de donner tout l’amour que je peux dans les mouvements de mes mains sur ses épaules. Il me surprend alors par une question que je n’attendais pas. « Tu me trouves ordinaire ?» Je repense alors à un film qui m’avait tellement touché il y a quelques années, American Beauty, et au personnage d’Angela, jolie blonde. Je me rappelle encore de sa réplique : « There’s nothing worse in life than being ordinary. » Mon Jon, tu as mené ta réflexion très loin… « Mais non, chéri, qui a bien pu te dire ça. Pour moi, tu sais, tu es tout ce qu’il y a de plus extraordinaire. Tu l’es, puisque je t’aime. - Mais j’ai peur de tout ça tu sais, j’ai peur d’être comme tout le monde, que personne ne me remarque. Mon amie d’enfance n’avait même pas remarqué que j’avais changé, alors que je pensais que tu m’avais transformé. Je croyais que ça se voyait même de l’extérieur.» Jonathan, tu es vraiment terrible, tu es ordinaire, je suis ordinaire, ton amie est ordinaire. Nous sommes tous ordinaires, et c’est ça que l’on arrive pas à comprendre. Ce qui te rend différent, c’est que quelqu’un te voit à sa manière, te voit différent. « Tu es extraordinaire Jonathan, selon beaucoup de points de vue. Et d’abord du mien. Tu es l’homme de ma vie. Celui avec qui j’ai envie d’avoir des enfants et de me marier.» Je pensais que cette pointe d’humour lui rendrait son sourire, mais elle ne lui a qu’à peine élargi la commissure droite de ses lèvres. Je l’ai alors embrassé, juste sur cette commissure, juste sur l’étroite ouverture de son humour. Ma langue a joué avec la tienne. Et tu as soudain tout oublié de tes préoccupations métaphysiques, pour n’être rien qu’à moi. Pour être l’esclave de mes lèvres, de ma bouche experte, de tout l’amour que j’avais pour toi. Emmêlement de nos corps, mouvements onduleux, et nos bouches entrouvertes sur un plaisir latent. Et l’ouverture enfin de ton Désir. Tu es tout à moi. Enfin nous finissons, nos corps se dessoudent, nos âmes se séparent, Jednathan se scinde en deux entités côte à côte sur ton lit. Mon bras s’étend à tes côtés. Ma main caresse ton corps en sueur de nos désirs réciproques. Tu es vraiment quelqu’un d’extraordinaire. | |
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