Bételgeuse
| Sujet: Fragment #12 - Stormy Brain 10.04.08 19:51 | |
| Mercredi 28 juin 2006 à Dijon Je navigue dans une brume légère. J’entends la réalité du monde qui m’entoure, et mon cerveau embrouillé se sert de tout cela pour créer des rêves étranges. Un coup de tonnerre plus puissant que les autres finit par me réveiller tout à fait. C’est donc ça, l’information que mes neurones traitent depuis tout à l’heure : un orage. Pas un tout petit, en plus. Je n’ai jamais vraiment eu peur des orages, mais j’avoue que là, à peine sortie des bras de Morphée, je ne suis pas très rassurée. Je remonte ma couette moelleuse sur mes jambes, je commence à avoir froid. Je me retourne pour regarder l’heure sur mon réveil. J’allume la petite lumière intégrée, et je déchiffre avec peine : 6h40. Je reprends ma position initiale, et je me demande s’il est vraiment 6h40, ou si je me suis trompée. Après tout, il est peut-être 7h 40, ou 5h40, peut-être même 8h30. A force d’écouter la nature se déchaîner, je suis complètement éveillée, je n’arrive plus à me rendormir. Alors je repense à ce mec étrange et saisissant qui a frappé à ma porte, sans même jeter un coup d’œil à mes jambes découvertes ! Pourquoi ? Je ne dois pas lui plaire. Mais pour qui il se prend, lui, pour ne pas aimer mes jambes ? Pour qui il se prend, à ne pas regarder ce que des centaines d’hommes ont payé pour avoir ?! Et du fond de ma nuit, il réussit à m’énerver, alors même que je ne lui fais aucun effet ! Et petit à petit, un sentiment de haine m’envahit, contre ce gars qui se prend pour Dieu, qui fait des gâteaux et qui ne regarde même pas mon corps qui lui était presque offert ! C’est de la calomnie ce que je viens de faire, non ? En parlant de Dieu ? Même si c’est dans une autre langue que celle de ma mère, je me sens coupable de ne pas respecter l’éducation qu’elle m’a donné. Enfin cela fait longtemps que je ne la respecte plus, cette éducation. Mama… J’en ai marre, je n’ai pas envie de rester là pendant des heures à me retourner pour me rendormir. Je m’assieds sur mon lit, mes yeux se sont faits à l’obscurité, de sorte que je peux reconnaître le moindre tas de conneries entassé dans chaque coin de mon studio. Enfin il n’y en a pas que dans les coins. Je crois qu’il n’a jamais été plus sale qu’en ce moment, des restes de bouffe traînent un peu partout, au milieu de papiers à trier, des cannettes et bouteilles vides(les seules choses que je finis toujours entièrement), et puis n’importe quoi. Je me demande comment j’arrive à vivre là-dedans. Je n’ai jamais été maniaque, sûrement en réaction contre ma mère qui l’était trop, mais là, ça dépasse l’entendement. Je me lève, bouscule du pied une bouteille de vodka, avance jusqu’à la table où j’ai posé la boîte de pilule magique. J’essaie de diminuer, parce que j’ai conscience que je m’en suis trop servie, mais si je ne veux pas continuer à m’énerver contre le voisin et finir par aller le découper à la fourchette, lui faire bouffer ses yeux mystérieux, et violer son cadavre, je dois les prendre. Je retourne sur mon matelas, et j'arrête soudainement de penser. | |
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