Altaïr
| Sujet: Fragment #154 - Adieu, ma luciole 10.04.08 23:24 | |
| Samedi 2 décembre 2006 à Dijon Aujourd’hui, Nalvenn est un flocon de neige, irisé de mille éclats. Son sourire de givre étincelle entre ses petites lèvres couleur cerise, et la splendeur des hautes montagnes se laisse entrevoir dans son regard de princesse. Ma luciole, mon islandaise… J’ignore quand nous nous reverrons. Sans doute bientôt. Peut être pas. Ton voyage de noce en Islande à Reykjavik nous sépare pour une durée indéterminée, et j’en ai le cœur lacéré, mais je suis heureux de te voir t’envoler avec ce Sébastien tout ému en jeune marié, comme un petit garçon. Je comprends ton besoin de retourner à la source de ton sang, dans les sources chaudes de ton lointain pays glacé et septentrional perdu au beau milieu des mers et des océans. Moi aussi un jour, je me marierai, et je m’en irai vers ces lacs toscans où baignent mes souvenirs d’enfance, lorsque nous partions tous les cinq retrouver la nona dans son arrière pays, le temps d’un été. Julian Mahogany se surprend à rêver… Ca me fait bizarre, après tout ce temps. Je suis peut être un type comme les autres, après tout. Heureusement, Sylvain est là, à mes côtés. Sa présence me rappelle notre amitié ; c’est grâce à lui que je rêve à nouveau, comme l’adolescent que j’étais et que je ne suis plus. Complicité inaltérable des regards qui se croisent. Parmi la foule des invités, je repère Mathieu, un peu perdu, qui sourit dans le vide en tenant sa coupe de champagne. Je le rejoins et lui demande s’il va bien, il me répond que oui, qu’il a trouvé un petit job comme livreur de pizzas pour payer le loyer de l’appartement de Nalvenn et Sébastien, qui ont décidé de le lui laisser durant leur voyage à Reykjavik. En posant une main sur son épaule, je lui assure qu’il peut passer chez moi quand il veut si il en éprouve le besoin, ma porte lui sera ouverte. Ma main sur son épaule. Nalvenn passe à côté de moi, m’offre un sourire auquel je réponds sans difficulté. Les bulles de champagne, où tout simplement une joie nouvelle, m’aident à étaler sur mon visage l’allégresse qui emplit mon cœur. Ma meilleure amie se marie aujourd’hui… Et nul ne saurait briser le sentiment qui m’habite, pas même l’angoisse de mon sang empoisonné et de ce test en perspective qui déterminera la fin de mon existence, ni même le souvenir de Lola, qui en cet instant doit encore pleurer toutes les larmes de son corps. Peut être pas… Je me dirige vers Sébastien, qui remplit des flûtes à champagnes avec attention. Je m’enquiers avec fascination de savoir dans quel état d’esprit il s’apprêter à partir pour l’Islande, bague au doigt. Il me répond qu’il a peur, mais que ça ira. Embrassade. Pourquoi tout me paraît-il si facile aujourd’hui ? Nous nous aimons tous les uns les autres, je souris, je rêve, je vais bien, merde je rêve ou quoi ? Je suis heureux là ? Vraiment heureux ? Autant en profiter alors, ce n’est en rien désagréable… Les larmes coulent sur les yeux de ma luciole, dans sa robe blanche de princesse enneigée. Nous nous étreignons jusqu’au sang, comme si nous voulions fusionner, je sens sa poitrine chaude tout contre mon cœur, mon cœur qui bat la chamade. Tu es ma lumière. Je vais pleurer moi aussi Nalvenn, mieux vaut nous séparer. Ne te retourne pas. Je sers la main de Sébastien, les larmes me montent aux yeux. Sourires échangés à la volée. Sylvain passe son bras autour de mes épaules et nous nous éloignons. Adieu, ma luciole… Reviens moi vite de Reykjavik. | |
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