Fragment #169 – Sexe, alcool et Rock’n’Roll

Je n’ai pas dormi. Nous avons baisé dans des toilettes plus grandes que mon appart’, nous avons bu, encore, nous avons retrouvé des connaissances de Julia, la même bande que lorsque j’étais là, avec des visages différents. Nous sommes allées en boîte, dans le carré VIP, avons acheté de l’ecsta, avons baisé dans une ruelle sombre, et puis je ne me souviens plus. Des images arrivent en pagaille dans mon esprit : le taxi où elle m’a fait jouir, une plaine paumée où nous avons dansé avant de nous écrouler sur l’herbe. Vodka, whisky, LSD. Les couleurs étaient belles, des larmes froides comme la neige coulaient sur mes joues qui se transformaient en verglas, la musique venait de mon cœur et résonnait dans mes viscères. Bleu, rouge, jaune, vert se mêlaient dans mon verre, ses cheveux sentaient bon, des corps brûlaient sur le parquet, je n’arrivais plus à parler, de ma bouche s’échappaient des chants de sirène, tout tournoyait autour de moi, et moi aussi je tournoyais, je devenais tour à tour herbe, alcool, cachet d’ecstasy, musique, papillon, poison.
Je me suis retrouvée dans un appartement inconnu, jonché de corps qui semblaient sans vie, ma tête au bord de l’explosion. J’ai vomi en essayant de me souvenir. J’ai regardé l’heure, il était 10h58. J’ai voulu demander à quelqu’un dans quel coin de Londres on était, mais personne ne m’écoutait. J’ai fini une bouteille de whisky, volé 240£ qui dormaient dans un portefeuille, j’ai claqué la porte. Je me suis retrouvée dehors, je ne pouvais pas appeler de taxi sans savoir où j’étais. L’endroit ne me disait rien. J’ai marché, jusqu’à rencontrer une petite vieille, qui m’a appris que j’étais sur l’île de Wight. J’ai essayé de me réveiller, sans succès.
Je ne sais toujours pas comment j’ai réussi à arriver à l’hôtel à temps pour prendre l’Eurostar.
Je suis assise à côté de Roxane, qui me scrute depuis une bonne demi-heure. Je n’ai pas prononcé un mot, je n’y arrive pas. Les sons et les couleurs se mélangent encore dans ma tête ; je suis à peine vivante. Ailein ne l’a pas remarqué, comme d’habitude elle ne s’occupe que d’elle. C’est dingue de se déplacer aussi vite, dans quelques minutes nous serons en France. Je ferme les yeux, j’aimerais dormir, mais mon cerveau n’est pas d’accord. Sans cesse, la soirée me revient, plus belle et intrigante à chaque fois.