Antarès
| Sujet: Fragment #3 - Envie de Fraise 11.04.08 10:49 | |
| Jeudi 3 août 2006 à Dijon Dans deux jours, moi et toute ma famille partons en vacances. Il me semble que cette année, ce sera quelque part sur la côte bretonne. En tout cas, c'est ce que m'a dit maman l'autre jour. Quelle idée d'aller passer ses vacances en Bretagne? J'imagine déjà des nuits blanches à écouter le vent battre les flancs de notre vieille tente igloo. Après avoir ponctué cette détestable pensée d'un soupir, je franchis la porte de la cuisine. J'ouvre le frigo, espérant trouver quelque chose à me mettre sous la dent. Après avoir exclu de mon menu les restes du hachis parmentier d'hier soir, un camembert dégoulinant et une vieille salade flétrie, je jette mon dévolu sur un bol de fraises bien rouges. Je pars en direction de la salle à manger, une fraise à la bouche, lorsque je vois le mixer posé sur le plan de travail. Un bon jus de fraise, ça fait longtemps... Je pose le bol à côté de l'engin et branche ce dernier. Je retire le couvercle et plonge mon regard à l'intérieur du récipient pour m'assurer que rien ne traîne au fond. Rien à signaler, juste la lame d' acier qui attend patiemment sa pâture. Je rapproche le bol et jette une première fraise dans la machine. Après avoir heurté la lame, elle va s'écraser au fond du récipient, laissant échapper un peu de son jus rouge et sucré. Rapidement, j'envoie les autres fraises la rejoindre dans ce qui sera son dernier voyage, sous cette forme en tout cas, et replace le couvercle sur la machine. Il ne reste plus qu'à pousser le bouton. D'une simple pression de mon index, je peux décider de réduire ces fraises en bouillie. C'est tellement facile. Si seulement je pouvais faire pareil, avec mes soucis, mes tracas, et même certains de mes souvenirs... voilà que je repense à ça. Les fraises explosent et répandent leur chair écarlate sur les parois de verre. Je maintiens le bouton fermement enfoncé jusqu'à l'anéantissement complet des derniers morceaux . C'est vrai, la destruction a vraiment quelque chose de jouissif. C'est comme de donner un coup de pied dans un château de sable ou crever un ballon. Je regarde le liquide rouge s'agiter avec les rotations de la lame. Il n'y a plus rien à mixer. Je relâche la pression sur le bouton, rétablissant le silence dans la pièce. Je regarde à nouveau la mixture sanguine. Le récipient en verre du mixer me renvoie mon image, déformée. En fait, je n'ai pas du tout envie de fraise. | |
|