Alsciaukat
| Sujet: Fragment #56 - Rien envie 12.04.08 20:05 | |
| Vendredi 2 mars 2007 à Saint Avertin Je ne décroche pas. C’est Alexandre, sans le moindre doute. Qui voudrait avoir des nouvelles. Mais j’ai décidé de ne pas répondre. Je lui dirai que j’avais oublié mon portable chez moi. C’est la troisième fois qu’il appelle. Je regarde l’écran, devant moi. Jed n’est pas en ligne. Ce garçon m’intrigue. Ce qu’il peut savoir sur Nathan m’intrigue. C’est une sorte de nouveau défi, puisque je vais devoir étendre à lui l’identité que je m’étais forgée pour notre contact commun. Je clique, lis des pages de forum sans réel intérêt. Je n’ai pas envie de travailler, pas envie de lire. Non pas envie de ne rien faire, mais rien envie de faire. Etrange sensation. Le temps passe ainsi, dans le vide. Le portable sonne de nouveau. Je regarde, tout de même. Mince, c’est Marie. Je décroche. « Allo ? » Douche froide. Alexandre. « Alexandre ? - Oui ! Ca va Léo ? - Oui ça va pas mal et toi ? J’ai vu que tu as essayé de me joindre y a pas longtemps, désolé j’avais laissé mon portable dans l’appart, j’étais encore sur les pistes. - Ah ok. Tu as eu mes messages ? - Non, je n’arrive pas à accéder à ma messagerie d’ici, je crois que le réseau est mauvais. » Je n’en peux plus de lui. Je ne veux plus lui parler. Une excuse, trouver une excuse. « Ah ok, on commençait presque à s’inquiéter, avec Marie. - Elle va bien ? - Oui oui, très bien. Elle… te passe le bonjour. - De même. Bon désolé, je vais devoir vous laisser, mon père veut qu’on aille faire un tour. - Mh ben d’ac, ça marche, tiens nous au courant de ton séjour, si ça se passe bien, tout ça ! On attend une carte postale ! - Ca marche. » Je raccroche. Une carte postale. Je crois que je vais malencontreusement oublier, sachant que de toute façon une carte postale provenant de Saint Avertin ferait sans doute tache. Mes yeux reviennent sur l’écran. Je sens l’énervement monter en moi. Enervement de ne rien faire, d’être ainsi, prostré sur la chaise, sans envie. Je hais ce nouvel état d’esprit qui m’habite depuis ce matin. Je me lève. Télévision. | |
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