Fragment #3 - Hannah

Je pousse la porte de mon appart', fais deux pas et m'écroule sur ce matelas miteux. Mes pensées se bousculent dans ma tête. Je me couvre de ma couverture jusqu'au nez et grelotte, essayant tant bien que mal de me réchauffer. Je cherche d'une main hasardeuse ce petit MP3 que j'ai volé il y a un moment à une jeune fille inconsciente tant elle avait bu. Je l'allume, une effusion de souvenirs apparaissent dans ma mémoire. Nos chansons, nos morceaux, dont nous avons remplis en cachette mon lecteur, transférés directement de son PC portable. Hannah. Hannah la courageuse, l'amoureuse. Je ferme les yeux, et je vois les siens, grands, bruns, presque noirs, qui me fixent, avec la petite étincelle qui n'était destinée à personne d'autre que moi. Je lui souris, et son rire cristallin éclate au son Des Mots d'Amour de Debout sur le Zinc. Elle se retrouve à califourchon sur moi, penchée au-dessus de mon visage. Ses longs cheveux châtains bouclés, retombent en cascade sur mon visage et mes épaules. Je sens encore son souffle sur mes lèvres, et l'odeur de sa peau si particulière. Elle n'est pas du tout lourde au-dessus de moi, elle est si petite, si parfaite. Hannah. Elle me parle, bavarde, piaille. Elle ne se tait jamais Hannah. Je rouvre les yeux et me relève. Dormir toute habillée n'est pas la meilleure des choses lorsqu'on a déjà pas beaucoup de fringues. Je me déshabille, et nue, me recouche sous les draps. Hannah n'avait pas honte de moi, ni de cet appart' miteux. Hannah c'était le bonheur à l'état pur.