Lundi 26 janvier 2009
à Dijon
« Bonjour Sylvie. Vous avez quelque chose de prévu à midi ? »
Il me surprendra toujours. Son sourire en coin, naturel et charmeur, accroché à ses joues bronzées attend ma réponse ; que j'oublierais presque de donner, à dévisager mon interlocuteur.
« Je vais rentrer manger chez moi, parce que je n'ai pas eu le temps de me préparer un truc à emmener.
- Oubliez ça, je vous invite au restaurant.
- Je...
- Entre collègue.
- Mais...
- Je vous laisse décider où vous voulez aller, je ne connais pas encore très bien Dijon, vous serez mon guide.
- Bon j'accepte, mais on est revenus à quatorze heures, parce que j'ai un rendez-vous.
- Ne vous inquiétez pas.» Dit-il en tournant sur ses talons.
Il s'en va. De toute façon j'aurais mangé toute seule. Et ça va m'éviter de faire l'aller retour jusqu'à Plombières.
Je descends les escaliers en enfilant mon imper. J'ai également pris mon parapluie car le temps est incertain. En passant devant une vitre je m'arrête un instant et vérifie que mon chignon est bien en place. Je repars en donnant un symbolique coup de paume sur ma jupe. Comme si un simple coup pouvait la défroisser. Elle n'est à vrai dire, même pas froissée. Il m'attend accoudé au bureau de la standardiste.
Je lui propose de manger
Au petit roi de la lune. Il pousse la porte, me laisse entrer et la referme derrière moi. Il demande une table pour deux. Le serveur nous guide, et Mario tire la chaise pour que je puisse m'installer. Galant homme.
Nous ne prenons pas d'apéritif, et commandons immédiatement pour avoir le temps de manger.
« Dites-moi Mario, ça vous fait quoi d'être le troisième personnage le plus âgé de la boîte ? Plaisanté-je.
- Regardons les choses autrement si vous le voulez bien. Nous sommes entourés de collègues plus jeunes certes, mais ils sont là pour nous rappeler notre jeunesse, non pas comme un temps révolu, mais comme la preuve que nous avons encore de belles années devant nous. Nous évoluons dans un monde jeune et dynamique, rien de tel pour rester en forme et avoir de grands projets ; c'est notre force, comme... »
Le repas se passe bien. Je suis contente de discuter aisément avec Mario. C'est si simple et naturel d'échanger avec lui. Il a cependant quelque chose de gênant dans sa façon de me regarder. J'ai l'impression d'être désirable dans ses yeux. Ça faisait longtemps que ça ne m'était pas arrivé. Je me sens jeune et belle. Je me compliment de cette gêne que je ressens.
Nous sortons. Je regarde ma montre.
« Je voulais vous emmener boire un café à deux pas d'ici, le Dionysos est un endroit charmant, mais nous n'allons pas avoir le temps.
- C'est vous qui voyez.
- Retournons tranquillement à l'agence. »