Vendredi 6 février 2009
à Paris
18h24. Le jour commence à tomber, il fait de plus en plus sombre dans l'appartement. Je regarde. Euh... Qu'est ce que je regarde ? Disons que je regarde la télé. Je me lève du canapé, où je suis avachi depuis le début de l'après-midi, pour aller chercher un morceau de pain à grignoter.
Debout au milieu de la pièce je m'étire comme si je sortais du lit. La porte de l'appartement s'ouvre, me fait presque sursauter. C'est Laura qui rentre du boulot avec ce doux parfum de gras. Elle n'est pas seule. Damien est avec elle.
Ma sœur jette, plus qu'elle ne dépose, son sac dans l'entrée et déroule son écharpe.
« Salut Alex.
Bonsoir, bien le taff ?
Pff. M'en parle pas. Et toi ?
J'ai glandé toute la journée... »
Damien doit vraiment être timide, parce qu'il n'a toujours pas ouvert la bouche. Laura termine sa phrase, chuchote quelque chose à l'oreille de son cher et tendre, et se dirige vers la salle de bain. Il faut, comme chaque jour, qu'elle se débarrasse, ou au moins qu'elle essaie tant bien que mal de se débarrasser, de cette odeur grasse et collante qui la suit partout. Nous nous retrouvons tous les deux. Mon «
beau-frère » et moi. Si je ne commence pas la discussion, il n'osera pas. Ça se voit sur son visage.
« Salut Damien ! T'es là souvent à ce que je vois, plaisanté-je.
- Salut. J'ai pas beaucoup de boulot en ce moment, alors j'en profite.
- Tu fais quoi comme boulot ?
- Je suis photographe dans une petite boîte de reporters sur Lille. On a ouvert, y'a pas longtemps. Tu es pompier toi ? C'est ça ?
- Ouai. Dans le quatrième arrondissement.
- Pas trop dur ?
- Fatiguant surtout. Mais bon j'ai un rythme de travail qui me permet aussi de me reposer suffisamment.
- Cool. »
Que répondre à « Cool. » ? Rien. Forcément le silence s'installe. Je suis sûr qu'il ne dure pas autant qu'on le dirait. Si ? Trouver un truc à dire.
« Tu veux boire quelque chose ?
- Hmm. Oui. Pourquoi pas.
- Je peux te proposer...euh...un verre d'eau avec de la grenadine, ou une bière. »
Il accepte une bière. Nous nous installons sur le canapé où je me reposais il y a encore quelques minutes. Je lui parle de son métier. En fait j'aimerais plutôt savoir comment il voit ma sœur. Amie améliorée ? Maîtresse ? Pote ? Occupation ? La femme de sa vie ? Passion ? Ça ne me regarde évidemment pas, mais je lui laisse comprendre qu'il n'a pas intérêt à lui faire du mal.
« Seul l'avenir nous le dira. Mais ne t'inquiète pas. Je ne suis pas là pour lui faire du mal. »
Réponse convenable. Acceptable. Laura sort de la salle de bain. Elle a les cheveux encore humides, une déesse sorti des eaux. Laura, la Vénus de Paris. Je laisse les amoureux roucouler en paix.