Altaïr
| Sujet: Fragment #33 - Dijon - Paris 09.04.08 16:34 | |
| Lundi 19 juin 2006 entre Dijon, Paris et le Kremlin Bicêtre La nuit est tombée. La fièvre des quais nous a enlacée. Instant fragile comme la voix de Neil Young. La voix de femme désincarnée nous avertit de l’arrivée du train en gare, et vite, nous nous plaçons devant notre wagon, en tirant derrière nous nos lourdes valises. Je me sens léger, fébrile. Mon chemin de croix est tracé. Le train, mon cheval sans nom. A l’intérieur, la lumière, les sons étouffés, l’atmosphère du départ en voyage. Je cherche ma place et, bien sûr, je suis installé bien de l’autre côté du compartiment, loin de Nalvenn et Sébastien. Qu’importe, désormais tout m’est égal, je pars pour Paris… Une jeune fille s’installe à côté de moi, les cheveux noirs et longs, des écouteurs sur les oreilles, les genoux repliés contre sa poitrine dans son pantalon trop large. Quel âge a-t-elle ? Seize ou dix-sept ans sans doute. Trop forte sa musique, mais je n’ose pas lui demander de baisser. Je commence à percevoir quelques notes… A horse with no name… Et soudain tout défile à travers la vitre, la gare est mise en branle. Non, c’est le train qui recule, le train qui bouge, glisse, file, de plus en plus vite. Il m’éloigne de Dijon, il me sépare de ma ville, et sans un regard en arrière, je tranche le cordon ombilical. Le train file à travers la campagne, et je laisse ma tête pencher sur le côté, et m’endors. Me réveille après une heure de trajet. C’est tout ? Il faut encore attendre. A côté de moi, la jeune rockeuse regarde le paysage. J’ai envie de prendre ses doigts, caresser ses mains qui retiennent ses mollets, pallier l’absence de – non, n’y pense plus. Elle descendra et se perdra dans la foule, sans que je puisse jamais la retrouver. Tant pis.
Paris, la Belle de France… Je suis enivré et, dans la gare de Lyon, je sautille comme un enfant. Nalvenn a l’air heureuse de me voir dans cet état, ce qui réjouit Sébastien, et moi de voir cette chaîne de notre sourire, et de m’en savoir le point d’origine, je ne peux que m’égayer d’avantage. La capitale s’offre à nous, je voudrais la visiter, la posséder tout entière. La contempler depuis la Tour Eiffel, ou arpenter les quais de Seine, les Champs Elysées… A peine sortis de la gare, nous descendons dans le métro, direction le Kremlin Bicêtre, dans l’appartement de Nathan. Je l’avais oublié, celui-là. Et le temps s’accélère, et nous voilà sur le pallier, puis face à lui. Ca défile trop vite, il faut que je m’accroche au temps, que je le savoure. Cheveux noirs, la trentaine ou presque, Nathan nous fait entrer dans l’appartement avec nos lourdes valises dont nous nous déchargeons enfin. Il est cinq heure du matin. L'aube rosit à peine sur Paris.
| |
|