Altaïr
| Sujet: Fragment #49 – Haïr les morts, et reprendre les choses en main 28.03.09 14:46 | |
| Samedi 28 mars 2009 à Paris Scène 1. Intérieur nuit. Il est assis au pied d'une colonne, dans la cathédrale. Ses larmes coulent en silence. Voix off. Il parle de la mort et de la haine. Est-ce que l'on peut encore aimer les gens qui sont morts ? Est-ce que l'on peut ne pas les haïr, eux qui nous ont quitté sans nous demander notre avis ? Parfois, je repense à mon père et je ressens à son égard une vive colère. Pourquoi prendre un chemin si morbide, corde au cou pendu au radiateur ? Pourquoi faire peser sur nous une telle douleur empreinte de culpabilité ? Si tu me revenais, je te giflerais.
Je relève la tête de mon scénario. Quelle heure est-il ? Merde, je n'ai pas encore mangé, et Alex étant parti à Dijon pour le weekend, j'ai perdu toute notion du temps. Il est, habituellement, mon petit coucou mobile, donnant un cadre strict à ma vie, un ordre, un enchaînement organisé. Je n'aime pas cette idée, mais, s'il partait du jour au lendemain pour ne plus revenir, mon existence deviendrait un chaos sans nom, entrecoupé de pauses potatoes. Allons Laura, raccroche-toi un peu au monde, ressaisis-toi. Ca ne te ressemble pas, tout ça, cette indifférence aux choses, ce dédain du rangement. Sans doute la mort de papa m'a-t-elle fait haïr Sylvie à un tel point que je fais tout pour ne pas lui ressembler, pour ne pas ordonner mes jours avec rigueur comme elle le fait si bien. Résultat : je suis une loque indéfinissable. Cela fait des mois que je me plains de ce stupide boulot d'équipière à McDo, mais je ne le quitte pas. Je persévère dans une lutte inutile contre Juliette, à attendre qu'elle ne cède et finisse par me virer. Et si elle ne me virait jamais ? Et si cette situation insupportable ne prenait jamais fin ? Je dois faire quelque chose, abandonner ma fierté et ne plus retourner bosser là-bas. Je dois trouver quelque chose de mieux. Pourquoi est-ce que toutes les boîtes de production auxquelles j'envoie des lettres de motivation à foison ne me répondent-elles pas ? Foutue crise. Il faut une dose d'espoir colossale pour trouver un employeur en ces temps difficiles. Allez Laura, fais-le. Appelle Juliette et dis-lui que tu démissionnes. Ce sera une bonne chose de faite.
Ensuite, j'appellerai Damien, et je lui dirai que je viens passer une semaine à Lille. On verra bien si ça colle entre nous pour de vrai, ou si tout ce que nous avons vécu jusqu'ici n'était qu'un petit encas, en attendant quelque chose de mieux. Je serai enfin fixée quant à l'avenir de notre relation. | |
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Procyon
| Sujet: Re: Fragment #49 – Haïr les morts, et reprendre les choses en main 28.03.09 15:06 | |
| Génial ce frag. J'aime cette Laura, et j'adore "un chaos sans nom, entrecoupé de pauses potatoes" !! Et puis l'idée d'Alex coucou, c'est très cohérent. merci. | |
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