Bételgeuse
| Sujet: Fragment #175 – Laisser éclater la tempête 01.04.09 6:01 | |
| Mardi 31 mars 2009 à Dijon Je n’ai pas dormi ; évidemment, que je n’ai pas dormi. Je n’ai rien fait depuis qu’elle a passé le seuil de la porte. En fait, si, je suis sortie, dans ce corps terriblement immobile. J’ai cherché quelqu’un à appeler ; et en faisant défiler les numéros, je n’ai trouvé personne à qui je pourrais en parler. J’ai essayé d’appeler F., il n’a pas répondu, alors j’ai erré dans la nuit qui commençait à tomber ; un jeune, style caillera bourgeois, m’a abordé. Je lui ai acheté un gros sac d’herbe. Et puis je suis rentrée. Je n’avais plus fumé d’herbe depuis Madrid, ça me rend parano. Je me suis servi un TGV, lentement, j’ai même mis des glaçons, et je l’ai siroté en fumant un énorme joint. Archive n’a pas bougé, les mélodies aériennes se distillent toujours dans mon appartement. Mon train part dans deux heures. Dijon/Paris, Paris/Bruxelles. Julia me rejoint à Paris. Elle a un plan là-bas, je sais pas trop quoi, de quoi se faire des couilles en or, une histoire d’héro coupée puis re-coupée avec…peu importe. Je n’arrive pas à bouger, clouée au sol par la musique qui me pénètre de plus en plus violemment. Je vois les lumières s’éteindre puis se rallumer ; j’essaie de contrôler mon esprit, mais c’est plus fort que moi, je me sens mourir, je me vois morte en plein milieu de mon salon, défoncée par un THC de mauvaise qualité. Non, tu ne peux pas mourir maintenant, non, je ne peux pas, je ne veux pas mourir, même si je ne sens plus mon corps, juste mon cerveau, percé de musique, les paupières lourdes. Je sursaute. Décroche. “Hey dear, how are you ? - I’m high. - High like what ? Really high ? What did you take ? - Marijuana.” Elle explose littéralement de rire, et en gros (je dis en gros parce que je ne suis pas sûre d’encore comprendre l’anglais), elle se fout de moi, qui prends tout ce qui passe sans ciller et ne supporte pas un malheureux joint. Puis elle me dit qu’elle est déjà à Paris, et que j’ai intérêt à être nette pour commencer le boulot. Je lui dis que franchement, elle ne devrait pas compter là-dessus. Elle rit, raccroche. Je regarde le téléphone s’effondrer sur le sol ; même complètement arrachée je n’arrive pas à pleurer.
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