Altaïr
| Sujet: Fragment #521 - La mort sans répit progresse dans nos corps 03.04.09 17:56 | |
| Mercredi 2 avril 2009 à Paris L'astre lion dans le ciel échauffe doucement la ville, tandis que j'accompagne Robert pour sa promenade quotidienne dans le XVIème Arrondissement. Nous faisons le tour du quartier, jusqu'à un petit parc où il m'indique, près des bacs à sables peuplés de moins de sept ans, un banc qu'il affectionne tout particulièrement. Nous nous y installons, l'esprit dégagé et les sens attentifs à la douceur printanière, aux cris des enfants qui ne vont pas à l'école, au murmure des mamans qui discutent, attroupées non loin de là et munies de poussettes. Je sais que, dans cette grande ville qu'est Paris, à quelques kilomètres de moi, ma fiancée a sûrement amené ma fille dans un lieu similaire. Un sourire se dessine sur mes lèvres à cette pensée. Robert me tend un journal qu'il sort de son sac et me demande de le lui lire. Je prends le quotidien et me plonge dans ses pages, mais les caractères noirs se troublent et me fuient. Consterné, je suis obligé de le lui rendre. « Désolé grand-père, je n'arrive pas à lire. - Tu as besoin de lunettes ? - J'ai pris rendez-vous ce matin chez l'ophtalmologiste. - Bien. Je me souviens, j'avais ton âge quand j'ai commencé à en porter. » La folie de ma grand-mère maternelle, la vue trouble de mon grand-père paternel... Combien de tares génétiques me sont encore destinées ? Je regarde sa peau asséchée et creusée de sillons, ses cheveux parsemés et blancs, son corps amaigri et voûté. La mort sans répit progresse dans nos corps, gangrenant sans fin nos chairs et notre esprit. Je sens bien que ma vue s'épuise, et je sais que c'est une étape vers la vieillesse. Lorsque je me regarde, le matin, dans le miroir, le combat n'est plus le même. Je ne lutte plus pour savoir si je suis beau ou non, et dans quelle mesure l'objectivité s'éteint pour laisser place à la subjectivité. Je ne lutte plus pour sourire ou m'aimer. Car le combat, je le sais, est inégal. Nous autres, corpuscules organiques, n'avons aucune chance de le gagner. Que de temps perdu à croire que j'étais plus fort que les Vertiges ! Quelle folie que celle de Maya, et dans quelles vaines batailles nous a-t-elle engagé ces dernières années ! Aujourd'hui, j'ignore ce qui a encore un tant soit peu d'importance. L'amour, comme me l'ont enseigné les Malvo ? Ou bien l'art et la créativité ? L'art est-il une forme d'amour ? L'amour est-il une forme d'art ? | |
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Tureïs
| Sujet: Re: Fragment #521 - La mort sans répit progresse dans nos corps 03.04.09 19:32 | |
| Splendide, du grand Julian ! | |
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Altaïr
| Sujet: Re: Fragment #521 - La mort sans répit progresse dans nos corps 03.04.09 19:54 | |
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Bételgeuse
| Sujet: Re: Fragment #521 - La mort sans répit progresse dans nos corps 05.04.09 1:29 | |
| Pareil que Turinou, c'est beau, et un peu nostalgique aussi, mais finalement il le vit plutôt bien, ce changement, je trouve.. (et vive le printemps !) | |
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Procyon
| Sujet: Re: Fragment #521 - La mort sans répit progresse dans nos corps 06.04.09 21:44 | |
| Moins peut aussi vouloir dire mieux... | |
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| Sujet: Re: Fragment #521 - La mort sans répit progresse dans nos corps | |
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