Fragment #12 - De retour...

Une à une, je monte les marches. J’ai l’impression que mes jambes sont en coton. Le soleil traverse les quelques fenêtres qui ornent l’escalier. On peut apercevoir la poussière, composée de diverses particules et autres acariens qui virevoltent dans la lumière.
Arrivé sur le palier, je m’engage dans le couloir qui conduit à ma chambre. Je traîne péniblement les pieds. A part le bruit de mes semelles qui frottent sur la moquette, tout est silencieux. Le reste de la famille est resté dans le salon, en bas. Je voulais être seul.
Je me retrouve finalement sur le pas de la porte de ma chambre. Rien n’a bougé. Tout est pareil. J’entre et je pose mon sac au bout de mon lit. Je commence à flâner dans la pièce. Je me dirige vers la bibliothèque et regarde les livres qui y sont entreposés. Mon préféré, « L’Ecume des Jours » de Boris Vian, est au-dessus d’une pile. Je vais ensuite vers mon bureau et j’y aperçois le courrier que j’ai reçu pendant mon absence. Des magazines, des lettres de la fac – surement pour des livres empruntés et non rendus – quelques cartes postales de Charlotte, des relevés de banque et diverses pubs.
Le silence est pesant. Je suis fatigué. Et j’ai envie de vomir. Je sors de la chambre et je me retrouve en quelques pas dans la salle de bain. Je me passe un peu d’eau sur le visage. Et là, mon regard se pose sur la baignoire. Je la regarde fixement. Puis, à bout de souffle, je m’assoit sur le rebord. Ce qui s’est passé. J’ai du mal à comprendre moi-même. Comment ma mère aurait réagit ? Ca fait désormais un ans qu’elle n’est plus là et j’ai l’impression que ma vie est un gouffre béant où il ne se passe rien. Je ne sais plus qui je suis. Ce que je vais devenir. Je lève mes bras et je regarde mes poignets. Mes poignets entourés chacun par un bandage. Des bandages qui cachent les cicatrices. Cicatrices faites par une lame de rasoir…