Shedar
| Sujet: Fragment #25 - Le dieu des sciences et les poupées russes 11.04.08 12:31 | |
| Dimanche 29 avril 2007 à Dijon Déborah parle. Beaucoup. Je crois qu’elle parle de dérivation. C’est ce qui l’a horrifiée en premier lorsque je lui ai tendu mon bac blanc. Vrai que c’est difficile de faire des maths quand on ne sait pas dériver. L’examen est dans un mois et quelques jours, et je tremble encore devant des fonctions a priori inoffensives. Mais Déborah, je ne t’ai pas emmenée ici pour des maths... Pas que pour des maths... Le ciel est très céleste, les nuages très nuageux, le banc juste un peu bancal. En somme rien d’inquiétant... Une femme très féminine promène son chien très canin. Encore une journée qui ne demande qu’à être savourée... Déborah, s’il te plait, oublie les maths une minute, j’aimerais te parler d’une chose tellement plus importante... Ce n’était pas une bonne idée ce cours de maths. Ma dérive devant la dérivation a été un prétexte parfait pour t’emmener jusqu’ici, mais visiblement trop parfait car le dieu des sciences semble avoir pris possession de toi, qui parle, et parle, et parle... Le banc grogne, un arbre acquiesce... « Dimitri, tu ne trouveras pas que des fonctions dérivables par une seule formule... Prends par exemple une composée de fonctions, où l’une est un quotient ou un produit, tu auras besoin d’appliquer plusieurs formules pour la dériver, tu vois ? Ca s’emboîte ! Un peu comme des poupées russes ! Tu peux avoir besoin d’insérer une formule dans une autre pour dériver une fonction compliquée comme d’ouvrir plusieurs poupées pour trouver la plus petite !.. » Révélation. Ce n’était pas une mauvaise idée ce cours de maths. Je crois que je ne dériverai plus jamais comme avant. Je crois que je ne dériverai plus jamais sans penser aux poupées russes. Sourions, nous sommes délivrés... « Euh... Merci. Je ne sais pas quoi te dire de plus. » Elle sourit avec moi. Sans un mot. C’est le moment... « Déborah, euh... j’ai encore quelque chose à te demander... Je suis retourné chez Romain l’autre jour, et... Enfin presque, c’était fermé... Et... ça m’angoisse toujours autant, et... je me demandais si... comme tu étais venue avec moi chez Michelle... si tu voulais bien venir avec moi la prochaine fois chez Romain, parce q... - Oui. » Elle sourit encore, et encore un peu plus, me redit ces mots... « Oui, c’est d’accord. » | |
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