Shedar
| Sujet: Fragment #45 – Vivement le printemps 11.04.08 12:56 | |
| Mardi 5 février 2008 à Dijon Un jour J. Un jour J, une question Q. Aujourd’hui, c’est aujourd’hui que cette question parcourt toutes les lèvres, toutes les oreilles et tous les yeux. S’il n’y avait que les yeux ce serait la Where is Brian !? du moment, dégoulinante d’étonnement synthétique, inerte dans un frais vomi d’hypocrisie sans âge. Ils s’en foutent au fond. Ça ne les intéresse pas. Ce qu’ils veulent c’est savoir qui réussit et qui échoue, parce que l’échec des uns atténue celui des autres et accentue la réussite. Glorieux soit l’exceptionnel. Ce qu’ils veulent c’est se rassurer, éclairer ce caractère qui nous concerne tous ici et qui nous classe, apprendre de l’autre ce détail de comparaison qui décerne l’impression de connaître l’autre et par-dessus tout le droit de le juger. Ce qu’ils veulent par-dessus tout c’est juger. Ce n’est pas gênant de porter des jugements aux sommets de l’équité lorsqu’on a confiance en soi au point d’en oublier cette question. Mais qui peut juger… Doucement, doucement… Une seule question à la fois. En sortant du TP de microbio on croise toujours le groupe suivant. « Hey Dimi ! T’as eu ton semestre ? » Brian is in the kitchen. Désormais je ne communique plus que par mouvements de tête. Ce n’est pas qu’ils soient particulièrement agressifs avec moi mais je préfère ne pas les tenter. Parce que c’est toujours le même de notre groupe qui sort de TP en dernier. Et pour rien au monde ils ne le laisseraient finir de nettoyer sa paillasse sans le chambrer. Oui, j’ai eu mon semestre. Et j’en suis doublement content. Je suis content de l’avoir pour moi, pour Michelle et pour Louis. Et pour moi seulement parce qu’ici c’est un bouclier. Une forteresse. Parce que même si l’IUT n’est pas plus dur que la fac il le paraît, et il paraît aussi qu’ici on n’aime encore moins les glandeurs que là bas. Peut-être de peur de ternir les fausses couleurs de l’image de cette, secte. Même armé gardons nos distances. « D’après la secrétaire y en a pas plus d’une petite dizaine qui l’ont raté. Ça en fera peut-être une petite dizaine de plus l’an prochain en fac de bio avec l’autre débile ! » C’est une époque de crise. Vivement le printemps. | |
|