Altaïr
| Sujet: Fragment #5 - Qu'ils s'échappent de leur corps 22.07.09 15:07 | |
| Mardi 21 juillet 2009 dans les environs de Barcelone Il est tard. Le vent chaud entre par la fenêtre et secoue les stores comme s'il voulait jouer. J'entends les voix de la famille poisson qui dînent près du barbecue, dans le petit patio. Ils rient fort, le vin a coulé dans le sang de papa requin et les deux alevins manquent de sommeil. Seule maman carpe reste discrète et silencieuse, ce qui la rend soudainement sympathique. Je laisse mon esprit vagabonder un peu au dehors de moi. Mon corps est allongé sur le lit, mes bras derrière ma tête. Je peux sentir mes cheveux couler sur mes poignets. Il fait très chaud. Ben, Luis et maman discutent dans le salon. Les locataires beuglent depuis la cour. Un peu plus loin, dans les rues, on entend des gens chanter et crier. Les autres existent et leurs individualités s'entrechoquent. Est-ce qu'ils pensent à ceux qui ne se sont pas là ? Est-ce qu'ils ne voient que les présents et oublient les absents dès lors que ces derniers disparaissent de leur champ de vision ? Bien sûr, il leur arrive de parler des autres, en bien ou en mal. Mais est-ce qu'ils parlent de l'image de ces autres, ou des autres eux-mêmes, vraiment ? Je ne sais pas. Il y a quelque chose d'assez dérangeant là-derrière. Ce n'est pas encore très clair. Je voudrais que les gens prennent vraiment conscience de l'existence de leurs semblables. Qu'ils apprennent à penser à travers les autres et non plus à travers eux-mêmes. Qu'ils s'échappent de leur corps et visitent l'extérieur, le monde. Je ne peux pas croire que les « moi » et les « toi » sont des prisons infranchissables. Il doit bien y avoir une issue. Quand je regarde maman, parfois, j'ai l'impression de pénétrer à l'intérieur de sa tête, et d'y voir le monde à travers son regard. Parfois, j'en ai même les larmes aux yeux. Le monde est plus douloureux ailleurs qu'en soi-même. | |
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Procyon
| Sujet: Re: Fragment #5 - Qu'ils s'échappent de leur corps 22.07.09 19:50 | |
| Pourquoi donc, le monde serait-il plus douloureux ailleurs qu'en soi-même ?
Cet Enki, semble très intelligent, ses réflexions sont intéressantes (d'autant plus pour un graçon de son âge), et je ne comprend spas toujours où il veut en venir... | |
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Menkalinan
| Sujet: Re: Fragment #5 - Qu'ils s'échappent de leur corps 31.07.09 23:52 | |
| Mais est-ce vraiment possible de pénétrer à l'intérieur d'une tête ? Quand bien même, je suis convaincue que l'essence de l'être n'est visible que par une image, qu'il est même pour soi difficile de décrypter. On peut s'en approcher, mais à partir de quand peut-on dire qu'on a dépassé cette "image" ? Et en même temps, je trouve ça tellement réducteur de dire cela. Un raccourci rapide... | |
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Altaïr
| Sujet: Re: Fragment #5 - Qu'ils s'échappent de leur corps 01.08.09 13:20 | |
| "j'ai l'impression de pénétrer à l'intérieur de sa tête"
Et toujours, l'oubli d'un mot peut être fatal... | |
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Menkalinan
| Sujet: Re: Fragment #5 - Qu'ils s'échappent de leur corps 01.08.09 13:40 | |
| Ce n'est pas un oubli. Et ça ne remet pas en cause ce que j'ai écrit. | |
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Bételgeuse
| Sujet: Re: Fragment #5 - Qu'ils s'échappent de leur corps 02.09.09 20:55 | |
| "J'entends les voix de la famille poisson qui dînent près du barbecue" ... Ce sont les voix qui dînent ?? Il est un peu coupé du monde, le petit !! Ses réflexions sont fort intéressantes, mais il pense un peu trop, non ? | |
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Miaplacidus
| Sujet: Re: Fragment #5 - Qu'ils s'échappent de leur corps 21.03.10 16:15 | |
| Ah, j'aime quand le divertissement de la lecture -de "roman"- amène à une réflexion. Dank u. | |
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| Sujet: Re: Fragment #5 - Qu'ils s'échappent de leur corps | |
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