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 Fragment #213 – Bouillon et compagnie

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Procyon

Procyon



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MessageSujet: Fragment #213 – Bouillon et compagnie   Fragment #213 – Bouillon et compagnie Empty03.09.09 19:33

Jeudi 3 septembre 2009
à Paris

17h45. Coincé ici. Lit. Canapé. Fauteuil, lit et re-canapé. Même le trône est une activité passionnante. Je me suis inscrit sur facebook, je me suis lassé des séries américaines, je ne supporte plus de naviguer bêtement sur le net ; alors je croise les bras. Je les croise et les décroise. Puis les recroise. Je passe mes journées entières dans cet appartement parisien. J'ai un peu honte de mon pied droit énorme responsable de ma mise à pied. T'es incapable de marcher qu'a dit le Capitaine. Sa voix sifflait autant que mes oreilles, je n'ai pas supporté de l'entendre. Je ne suis pas un incapable. Je ne veux pas être un boulet pour la société. Vous m'imaginez, moi, vivre au crochet des autres ? Oui, c'est à vous que je parle, vous porte de placard, et rideau fin. Vous qui êtes ici à longueur de temps, qui errez sans bouger, qui ne vivez que parce qu'on vous à installé avec nous. Bien sûr vous ne me répondrez pas, vous vous contentez de me regarder passivement. Je me déteste. Je déteste aussi Laura et Jessica qui jouent aux infirmières, comme si j'en avait besoin. Je n'ai besoin de personne. Laisser moi ruminer. Je ne dois pas bouger, c'est le médecin qui l'a dit, mais vous devriez m'aider à me déplacer plutôt que de le croire et de me forcer à rester ici. Je suis enfermé à clé entre ces murs. Je trouve ça insupportable. Elles me prennent pour qui ?
Tout ça à cause de ce fichu pied, cette entorse débile. J'ai cru qu'elle se soignerait toute seule. Le médecin m'avait dit qu'avec un peu de repos ça irait très vite, elle n'était que superficielle, et une simple attelle semi-rigide suffisait. Disons que je ne pouvais pas mettre l'attelle sous mes rangers, et que lorsque je la portais, je marchais malgré la douleur, me croyant correctement soutenu. Que nenni ! Ça n'a pas manqué d'empirer tant que possible ; les complications et mon soi-disant comportement sont tels que j'ai dû être plâtré des orteils au genou. Mi-mollet en fait. Je ne dois même pas poser le plâtre au sol pendant un mois entier. Ensuite, je referai des radios, et là les pourris – médecins et compagnie- décideront de mon sort. J'engueule mes ligaments à longueur de temps pour qu'ils reprennent des tailles et emplacements convenables.
On dirait que la lampe me sourit. Elle se fout de ma gueule, j'en suis sûr. Si je pouvais me lever, j'irai... souffler, respirer, se détendre. Se détendre.
En plus regardez-moi, j'enfle tant que je peux, je me sens mal, mal dans ma peau à cause de mon pied. J'ai l'impression d'être gros, gras. Une éponge pleine de graisse qui ne demande qu'à être écrasée. C'est ça, appuyez-moi dessus, écrasez-moi, faîtes moi vomir de toutes parts. Tuez-moi.
La clé tourne dans la serrure.
Laquelle de mes bourreaux revient. La pire je crois, c'est Jess en uniforme qui débarque dans l'appartement. Elle me dégoute, elle n'a pas même la décence de se changer avant de venir se présenter devant moi. Et comme pour s'excuser :
« Bonjour chéri, je me suis dépêchée de rentrer pour te voir.
- Salut.
- T'as passé une bonne journée ?
- ... Super intelligente ta question
- Je me suis juste arrêtée au chinois pour ce soir. Regarde ce que j'ai pris.
- ... Mets moi la bouffe sous le nez, que je vomisse
- Je vais mettre ça dans le frigo, après on va te laver ?
- Si ça peut te faire plaisir. »
Ça fait neuf jours que c'est comme ça. J'ai droit à une douche tous les jours quand Jess est là ; avec Laura c'est moins sûr. Mais elles rivalisent d'inventivité en ce qui concerne les attentions débiles du genre un coussin sous le pied, un verre d'eau fraiche au plus près de moi, la télécommande à portée de bras, etc...
Je bouillonne en moi-même.
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