Fragment #136 - Hiver

La neige a recouvert de son voile blanc le monde qui m'entoure. Couche de coton qui assourdie, étouffe et absorbe les sons et murmures de la vie. Un cri cependant retentit et résonne, martele en mon crane et oblitère mes sens.
Nul ne saurait dissimuler le gouffre qui m'aspire, cette abime que rien n'emplit, ni les torrents de douleur, ni les rivières de larmes.
Dans cet aven, qui prend son origine en mon cœur, traverse la combe des ressentis et se perd dans les marécages de l'inconscient, hurle le vent du désespoir, tempête de malheur qui se joue de mon âme et rit de ma souffrance.

Il fait froid.

Le monde est redevenu vierge en cette aube endormie. Que mes sens s'éteignent, que mon esprit tourmenté s'efface sous la neige, que mon cœur épuisé hiberne et oublie.
Le monde est redevenu vierge en ce jour qui s'éveille. Que ma mémoire se fane comme le printemps de sa vie, que rien ne vienne troubler le sommeil qui me saisit.

L'hiver est là. L'hiver est là.