Altaïr
| Sujet: Fragment #181 - L'Acceptation du Destin 11.04.08 13:49 | |
| Samedi 24 février 2007 à Dijon « Je fais si peur que ça ? » Oui Lola, avec ce regard noir où s’amoncellent tempêtes et ouragans, fixé sur moi, en plein dans mes yeux de lâche acajous, ça me fout la trouille. Evidemment, je te réponds que non, et évidemment, tu peux rentrer. Tu as toujours les clés, pas besoin de frapper. Enceinte. Le mot résonne dans mes oreilles et mon cerveau alourdi. Enceinte. Toi ma Lola, ma petite amie Lola, tu es enceinte. Il va falloir que je m’en convainque, désormais. Non, je ne peux pas, je ne veux pas, je ne suis pas prêt pour ça. « Tu sais Lola, je suis désolé… c’est que… » Les mots ne sortent pas devant ta face empourprée de colère. Je la sens qui monte en toi, cette décharge de feu qui va m’exploser à la gueule. J’ai toujours craint ce pouvoir dans tes yeux. Tu es une vraie déesse… « Trouvez la déesse-mère. » Est-ce qu’il se pourrait que… J’ouvre la porte en trombe, les yeux embués. Face à toi Lola, tes yeux rougis par les larmes de la colère. Je t’ai vu exploser devant moi, comme une Furie, et j’ai eu peur. Mais plus encore, j’ai peur de ce qui vit en toi. Ce n’est plus un fluide empoisonné, ce n’est plus le mortel venin de l’amour. C’est le germe de la Vie qui croit et se développe, et dans ce corps en création naîtra une conscience humaine. Déjà ton ventre a gonflé un peu. Lola me regarde et je sens dans ses yeux qu’elle implore mon aide. Je ne peux pas la laisser comme ça. Je n’ai pas le droit de faire ça. Vite, trouver les mots qu’il faut, trouver ce qui pourra la sauver. « Lola, je veux pas te perdre. » Elle me tombe dans les bras. Bien joué Julian, en plus tu as réussi à dire un truc pas totalement faux. Mon dieu, je suis vraiment amoureux ? Pourtant il me semble qu’en cet instant même, nous ne nous connaissons même pas. Tout est à construire à nouveau, à redécouvrir. Comme si nos corps avaient changé. Mais ton cœur est toujours là, il bat si fort. Tu es fragile Lola ; et c’est ce qui m’interdit de l’être aussi. Un petit mouvement sous la peau de son ventre. Je me recule subitement, quitte notre étreinte et regarde la matrice immobile. Quelque chose a bougé, je l’ai senti ! Les mots ne parviennent plus à sortir de ma bouche. Les lèvres de Lola se collent contre les miennes, et je sens encore l’illusion que tout sera comme avant. Nous sommes des enfants ; te souviens-tu de la neige ma princesse ? Nous ne savions pas encore… Je soulève sa robe pour embrasser son ventre, au milieu des sept grains de beauté. | |
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