Altaïr
| Sujet: Fragment #235 - Tel est notre Destin 12.04.08 10:52 | |
| Jeudi 31 mai 2007 à Dijon C’est un nouveau temple, pour un nouveau cauchemar. L’ennemi n’est plus Anubis, il est
Hathor déesse au seins nus sa peau cuivrée ses yeux lourdement fardés. Une beauté sexuelle qui attise le Désir palpable dans l’air de son boudoir, où nos corps lascivement allongés sur des coussins de velours s’étalent désorganisés. Hathor trône sur son fauteuil, jambes écartées. Et les serviteurs virils et nus s’empressent pour nous caresser. Je sens monter en moi les vagues de l’excitation, ce Plaisir en forme de cage qui nous retient prisonniers. Jed et moi avons tenté de nous échapper, mais tout est fait pour nous retenir. Car ici je peux à loisir presser ma peau contre la sienne, et parfois quand le rêve s’éteint… … je voudrais pleurer, mais je ne peux pas.
Jed est passé au Dionysos ce matin, il dit qu’il cherche Lilian. Je suis un peu tendu, mais je m’écrase, je renverse même un verre plein de bière sur le comptoir, et le liquide s’écoule sur le pantalon du vieux Jack, qui se met à grogner en me foudroyant de son œil unique. Alors je lui dis que je ne sais pas – mais bon dieu, pourquoi faut-il que mon visage s’embrase quand tu me regardes, Jed ? Tu t’assieds, dépité, je voudrais te parler de ces rêves que je fais la nuit, toi et moi dans le piège de Hathor, mais alors il faudrait te dire ce que je ressens pour toi, et c’est impossible. Car il y a Lilian, car il y a Justin. Deux garçons qui s’interposent sur notre chemin. Alors je te parle du Clan, de mon Clan. Pour réunir ceux qui sont liés. Je ne suis pas dingue Jed, Nathan y croit aussi, c’est lui qui nous a embringué là-dedans. Même si j’ignore encore ce qui nous connecte. Tel est notre destin. Vers midi, la porte du Dionysos s’ouvre, et Lola entre dans le bar. Elle regarde autour d’elle, les tables désertes, m’aperçoit au comptoir, s’approche. Elle marque un temps d’arrêt devant Jed - sans doute le souvenir du jour de l’An lui est-il resté coincé en travers de la gorge - puis sourit et lui fait la bise. Lola devant moi, brune au regard pénétrant, ma Lola, ma princesse, l’amour de ma vie. Ton ventre bombé par la grossesse. Est-ce vraiment mon enfant que tu portes ? Le tambour reprend, c’est le rythme cardiaque du bébé, il martèle mon crâne, à en devenir fou. Vite, ne pas y penser. Concentre toi sur sa bouche, sur ses yeux, sur tout ce qui la rend elle et te permet de t’y accrocher, sans avoir à assumer le Ventre porteur de vie. Je demande à Louis s’il peut prendre le relais, alors qu’il discute avec Michelle, qui a apporté son habituel panier repas et me fait un clin d’œil. Lola, Jed et moi allons nous installer à une table au fond du bar. Mon ex petite amie nous apprend que le bébé est une fille ; Jed semble ravi pour elle, moi je m’en fous. Elle s’appellera Kokhavah. « Ca veut dire étoile, en hébreu, explique-t-elle. » Jed commence à s’intéresser aux origines israélites de Lola, mais celle-ci nous rappelle qu’elle n’est pas venue pour ça. Je sens ma curiosité revenir à la charge, un frisson d’excitation parcourir mes jambes fébriles. Est-ce que c’est vraiment moi ? « Il y a quelques jours, j’ai reçu un colis, dit-elle. Et dedans, il y avait ça. » Lola pose sur la table une K7 audio et une lettre. Elle glisse la K7 dans un baladeur et colle un écouteur dans une oreille de Jed, un autre dans une des miennes. Jed me regarde sans comprendre, il n’avait jamais entendu Sa voix, pour n’avoir communiqué avec Lui que par MSN. La lettre confirme ma pensée, c’est bel et bien Lui, Sa façon d’être, de penser, anarchique et incompréhensible. « Oui, je dis, c’est Nathan. - Un ami à toi ? Je le connais pas moi ce type ! - Nathan ? s’étonne Jed, fronçant les sourcils. - Tu lui as parlé de moi ? reprend Lola. - Peut-être, dis-je, je sais plus. Mais ça justifie pas tout ça. » Jed et Lola me regardent sans comprendre. Laissez moi vous expliquer sans me prendre pour un fou, je sais que ça paraît dingue mais… nous sommes vraiment reliés. Tous les trois. Et Nathan. Et puis d’autres, que nous ne connaissons pas encore. « Il faut les retrouver, et former notre Clan. - Pourquoi ? demande Lola, apparemment agacée par mon étrange lubie. » Je les regarde dans les yeux. Jamais je ne me suis senti aussi vivant qu’en répondant : « Pour donner un sens à notre existence. » | |
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