Altaïr
| Sujet: Fragment #557 - Frustration 28.08.10 18:56 | |
| Samedi 28 août 2010 à Paris Mon corps se vide à l'intérieur de Lily. Lily gémit sous le poids de ma chair épuisée, qui s'effondre sur elle dans un râle ridicule. Ses mains aux doigts fins et tremblants pressent mes fesses et remontent le long de l'échine, lèchent mon dos et ma nuque, enfin pénètrent la crinière et se noient sous les cheveux châtains, ondulant comme une brousse, de lianes salées et de serpents. Sa bouche mord mon épaule et s'attaque à mes lèvres, croque ma langue, avale ma salive. « C'est quoi le mieux, les garçons ou les filles ? » Je me redresse un peu, mes yeux l'interrogent dans le noir. « Quoi ? Je suis au courant pour ton ex. Il travaille toujours à République et il m'a dit qu'il te connaissait. - Oh, OK. C'est drôle, je n'ai pas eu de nouvelles de lui depuis qu'il est parti en Croatie. C'est de Goran que tu parles, hein ? - Oui pourquoi, il y en a eu tant que ça ? D'ailleurs, t'as pas répondu à ma question. - A quel sujet ? - Le mieux, c'est quoi ? Bites, ou vagins ? - Les deux sont sympas, je réponds en me rhabillant. - Si tu veux prendre une douche, c'est possible aussi. - Non merci. » Je ne sais pas ce qui me prend, je veux juste partir d'ici et rentrer à la maison. L'appartement de Lily est sale et me met mal à l'aise, il y flotte une odeur détestable de vice et de renfermé. Bien sûr, ce n'est pas la première fois qu'une araignée me piège dans ses filets. Au moins, j'ai la certitude de ne plus jamais revoir celle-là. Mes performances sexuelles désastreuses m'auront immunisé contre son envie de me revoir. « On se revoit quand ? elle demande. » Merde. Comment une fille aussi belle peut-elle simuler un quelconque intérêt pour moi avec autant d'acharnement ? La voilà qui s'entortille et se relève, allume une cigarette, couleuvre aux cheveux roux penchée à la fenêtre, prunelles noires défonçant la nuit. Elle est là, embrumée de nicotine, comme un châle empoisonné et vaporeux, jeté sur ses épaules nues. Je la regarde un moment et je me perds dans de vaines illusions. Je repense à Lola qui m'a tant aimé, et à Sylvia que son image m'évoque. Je m'en vais sans trop savoir pourquoi.
A la maison, il est tard, Florian ronfle devant la télévision, Maura et les enfants sont couchés. Lilian ne rentre plus depuis des jours et ne donne toujours pas de nouvelles. Sa vie est une énigme pour nous tous depuis l'accident et la mort de Robin.
Je m'enferme dans la salle de bain, me déshabille et entre dans la douche. L'eau brumeuse est contre mon corps et s'immisce dans mon esprit. Elle s'entête à me rappeler des visages, des corps que j'ai connu, et à mettre en perspective l'infinité de mes frustrations. | |
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