Procyon
| Sujet: Fragment #23 - Panique à bord, je suis bordé 12.04.08 1:17 | |
| Mardi 12 décembre 2006 à Dijon Doucement une paupière, puis l’autre. Elles s’entrouvrent, tranquillement comme ankylosées de ne pas avoir bougé durant plusieurs heure. Bip, bip, bip. Des murs blancs autour de moi. Un plafond blanc sur ma tête. Des draps blancs sur un lit blanc. Je suis bordé. Une chose est sûre, je ne vais pas bouger. J’ai vite compris que je ne suis pas au paradis. Et, non, le diable n’y a pas accès. C’est bien dans un hôpital que je suis. Qu’y fais-je ? Que m’est-il arrivé ? Quel jour sommes nous ? Un dimanche, une course, mon corps poussé à bout ; je me souviens. Bip, bip, bip. Mon cœur bat, c’est déjà ça. Je peux admirer à toute aise les modulations de mon rythme cardiaque. Il n’y a pas de télé dans la chambre, ce sera mon divertissement. Les minutes passent, les secondes aussi, aux rythme des bips, prononcés sourdement par ma distraction. Il doit être 9h00, c’est la tournée des médecins. Du médecin, et de la petite troupe des internes, infirmières, élèves, etc. « Il est réveillé ? ». Ça ne se voit pas ? Après qu’on m’a annoncé que j’allais bien, que je pouvais aller chercher de la lecture au coin bibliothèque, et qu’ils allaient me garder jusqu’à la fin de la semaine en observation, malgré de très bon résultats d’analyse… et qu’on m’a enfin laissé tranquille pour aller étudier le cas des gens de la chambre d’à côté, je décide de ne pas rester plus longtemps ici. Bah oui, je ne veux pas moisir si je n’ai rien. La vie à vivre. Je me lève, remercie dans le vent le médecin qui a eu la bonté de me desserrer les draps pour que j’aille chercher un quelconque ouvrage. Enfile le pantalon et le pull qui sont sur la chaise, en prenant soin de leur laisser cet horrible pyjama vert qu’on m’a enfilé. Des chaussettes et des chaussures m’attendent également dans le sac, mon sac, que mes parents ont dû laisser là hier. Je ne prends pas l’ascenseur. Les escaliers, c’est bon pour la forme, et pour ne pas croiser trop de monde. Un, deux, trois étages plus bas, et je sens déjà l’air de la liberté. Plus que trois, deux, un pas et je suis dehors. Hourra ! Vive moi. J’approche d’une dame en promenant une plus vieille ; lui emprunte poliment son téléphone. « Mme Firent n’est pas disponible pour le moment, veuillez laisser un message après le bip. Biiiip. - Oui maman c’est moi, c’était pour savoir ce qu’il y avait à manger à la maison à midi, je rentre. Bisous. » Prendre le bus ne me pose pas plus de soucis. J’arrive donc sans encombres à à peine 11h à la maison et m’installe dans le canapé, devant une énième diffusion de ‘‘Dallas’’ en attendant le retour de mes parents. | |
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