Bételgeuse
| Sujet: Fragment #21 - Retour sur Terre 12.04.08 16:56 | |
| Samedi 29 juillet 2006 dans les environs de Perpignan Une main caresse mes cheveux comme un souffle ; sur mon front, le froid est devenu brûlant de ma chaleur. Je n’ai pas assez de force pour ouvrir les yeux. Il a remarqué que je reprend conscience, car Il a pris ma main. « Eh ben, p’tit bout, tu m’as fait peur hier, tu sais ? » Morphée me tend à nouveau ses bras lourds et confortables, et lentement il m’étreint.
Je sens qu’on s’affaire autour de moi. La rumeur murmurée devient bientôt bruit qui court, galope, et me réveille tout à fait. Mes paupières se débloquent soudainement, d’un coup, sans que je ne leur ai rien demandé. Ce n’est que lorsqu’elle arrive à mes lèvres, répandant en moi un goût métallique, que je remarque la goutte de sang qui coule de mon nez. Je me relève sur les coudes, et comme la dernière fois recueille dans ma paume le liquide de vie qui cherche à s’échapper de moi. Il tourne la tête, remarque que je suis enfin à peu près consciente, s’approche de moi sans mot avec un mouchoir à la main. Il s’assied sur le lit, à côté de moi, passe sa main dans mes cheveux. Il déglutit, comme s’il se préparait à me dire une chose pas très agréable. « Sylvia… Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Hier, je veux dire. Tu es partie seule de ton côté. Quand je t’ai retrouvée, tu étais en trip total, et… » Nouvelle déglutition. « Et… Tu sais, il y avait ce mec, là… Je ne sais pas qui. Mais il avait une trace énorme de morsure au cou, et toi… toi… » Je sens l’horreur pointer dans son regard. « Moi j’avais son sang plein la bouche, son sang de gros dégueulasse qui coulait sur mes lèvres. » Il semble surpris que ma première phrase soit si claire, si audible, si…nette. Le reste de l’explication vacille entre mes cordes vocales tremblantes. « Je ne me souviens plus bien… Je crois qu’il a essayé de me violer. Je l’ai mordu (Je tourne la tête vers lui, à la fois inquiète et pleine d’espoir fier). C’était profond ? » « Quand même assez, oui. Julien l’a amené aux urgences, ils ont dit que ce n’était pas trop grave (Mon cœur s'emballe à l’idée du récit qu’il a pu faire). T’inquiète pas, p’tit bout, il a dit que c’était son chien, c’était peut-être pas très crédible mais on ne lui a rien demandé de plus. Il sait que s’il te balance, tu peux en faire autant. » Il pose ses lèvres toutes douces sur ma joue creusée par la fatigue et la drogue. « Repose toi, je m'occupe de ta valise. » | |
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