Mintaka
| Sujet: Fragment #76 - Et si tout commençait Chambre 453 12.04.08 17:28 | |
| Samedi 25 août 2007 à Dijon Comme prévu, je rejoins Julian devant l’hôpital où travaille son père. Seulement aujourd’hui, ce n’est pas son père que nous venons voir, mais cette jeune fille, aussi énigmatique que dans le coma, que j’ai sauvé un peu malgré moi il y a quelques semaines. Julian pense que tout est lié. Elle, nous, le Secret, le Clan dont il me bassine depuis hier. J’y ai réfléchi une bonne partie de la nuit, et même si je trouve complètement aberrante toute cette histoire qu’il me conte, quelque chose me pousse à le croire. Je connais Julian. Je sais ses regards, ses silences, ses interrogations. Il y croit. Il croit vraiment à cette histoire. Alors pour tout l’attachement que j’ai pour lui, pour tout ce qui nous lie, je le sais, je dois le suivre. C’est ce qui m’a poussé à être ici aujourd’hui. Ridicule avec ce bouquet de fleur, au seuil de la Chambre 453. Nous nous sommes mis d’accord avant d’arriver : nous nous ferons passer pour des amis de Déborah, tout juste revenus de vacances.
Après avoir frappé trois petits coups, nous poussons la porte déjà entrouverte. Au chevet de notre Belle au bois dormant, une femme voutée, fatiguée. Epuisée même. Plus moralement que physiquement, même si son dos courbé traduit le poids de toutes les heures passées au chevet de sa fille profondément endormie. Son regard se pose sur nous, mi-surpris, mi-perdu. Je me débarrasse gauchement du ridicule bouquet. Je me sens bizarre. Comme dans un lieu connu, comme dans une atmosphère familière. C’est pourtant la première fois que je vois cette femme, et seulement la deuxième que je rencontre sa fille. Pourtant je me sens liée à elles, comme en connexion. Madame Spinner aussi semble un peu troublée. Est-ce cette histoire d’amis tombés du ciel ou mon bouquet ridicule ? Nous ne le saurons pas … Elle profite de notre présence pour sortir un peu de sa prison blanche. Julian a l’air mal à l’aise. Je sais que cet hôpital, en dehors d’être celui de son père, le rend un peu nerveux. Il reste en retrait, quand je m’approche du chevet de ce Soleil endormi. Je prends la place de sa mère, et Kokhavah, qui sent tout, doit être jalouse l’espace d’un instant vu le formidable coup droit qu’elle m’envoie ! Je passe délicatement ma main dans la toison blonde éparpillée autour de sa tête. Je jette un coup d’œil à Julian : « C’est marrant, je la connais pas cette fille. Et pourtant je me sens proche d’elle, comme si on se connaissait depuis toutes petites … » Cette phrase sort de ma bouche sans que je puisse l’arrêter. Je l’écoute raisonner dans ma tête, et peu à peu je me dis que l’histoire de Clan n’est peut-être pas si absurde que ça. Sans regarder Julian, je sais très bien que son cerveau est en ébullition à ce moment là. Il pense à tout ça, à ce Clan. Il essaye de remettre doucement bout à bout toutes les pièces du puzzle… Je m’inquiète pour Deborah, vraiment. Je suis liée. Nous sommes connectées. Je me retourne et cherche le regard de Julian : « Tu crois qu’elle va se réveiller un jour ? » Julian s’embrouille, bafouille. Il est comme moi, il l’espère de toutes ses forces. Pour elle, pour sa mère abattue, et puis pour notre Clan… Mais les lois de la Nature sont aussi impénétrables que celles du Seigneur. Et personne ne connait la suite. Notre suite. Ni celle de Déborah… | |
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