Alsciaukat
| Sujet: Fragment #31 - Courant d'air froid 12.04.08 17:32 | |
| Vendredi 10 novembre 2006 à Tours Je sens avec plaisir le courant d'air froid me caresser le cou. C'est une sensation plutôt étrange, étant donné que j'ai plutôt tendance à ne pas aimer lorsque le froid qui vient avec l'hiver se fait trop mordant. Mais lorsque je suis au chaud, et que la musique hurle ses mélodies dans mes oreilles, je me surprends à aimer cette caresse glacée qui souffle sur ma peau quand quelqu'un ouvre la porte. J'ai envie d'aller dehors, pour me sentir enveloppé de ce vent, pour goûter la saveur de l'air embrassant mes bras nus. Je reste sur ma chaise, mon classeur de mathématiques ouvert devant moi. J'entends vaguement, dans mon dos, d'autres élèves, visiblement moins sérieux que moi, qui se parlent très fort, leurs voix aux trois quarts étouffées par mon ipod. Stupides. Je voudrais ne plus les voir, ne plus les entendre, ne plus les sentir. Ne plus voir, ne plus entendre, ne plus sentir Paul, qui est assis à côté de moi, parce que quand il m'a vu travaillant, il est venu se coller pour faire de même, alors qu'il y avait d'autres places libres. Je frissonne. La porte est restée ouverte, quelqu'un l'a poussé assez fort pour l'enclencher, et ne l'a pas refermée ensuite. Ce n'est pas agréable. Ce n'est plus la caresse éphémère du souffle de vent, c'est le froid qui vient seul par l'ouverture. Le froid qui s'insinue plutôt que de survoler. Je continue de lire mon cours, j'espère que quelqu'un va fermer cette porte. Drôlement mal placée, cette colle. Me voilà à attendre dix-huit heures pour rentrer chez moi, alors que je finis habituellement à midi. Tout cela pour quelques questions sur les réactions acido-basiques, complexes, et autres sujets fascinants de chimie. Et je n’aime pas mon groupe de colle, et je vais encore une fois devoir les subir. Bon point, ils ne m’adressent plus la parole avant l’entretien, ne me servent plus les banals encouragements auxquels j’avais droit en début d’année. Je crois qu’ils n’apprécient pas beaucoup de récolter des notes moyennes tandis que je plafonne la plupart du temps aux environs de dix-neuf. Deux nouvelles personnes passent par la porte ouverte, mais ne la referment pas derrière eux. Ils se disent sans doute que quelqu’un dans la salle qui avait chaud l’a volontairement laissée ouverte. Braves élèves. Les vitres sont assez amusantes, au lycée ; elles sont très teintées, ce qui a pour résultat de nous rendre, de jour, invisible à ceux de l’extérieur, tandis que nous les voyons parfaitement. Je reviens aux mathématiques. Les nombres réels. J’aime le principe de reprendre les maths, sinon depuis le début, du moins depuis un point assez reculé, pour tout redémontrer, ainsi que nous le faisons en math sup. A côté, Paul éternue. J’ai froid. Je me lève et ferme la porte. | |
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