Altaïr
| Sujet: Fragment #44 - Sodome et Gomorrhe 09.04.08 17:08 | |
| Jeudi 3 août 2006 à Paris La lumière filtre à travers les stores vénitiens. Je me sens émerger du sommeil et mes rêves se dissiper peu à peu. Je suis dans un lit, mon lit, et le silence qui m’enrobe laisse entendre que le cliquetis des doigts de Nathan sur son clavier est bien loin de moi maintenant. Tout cela n’était il donc qu’un rêve ? Ai-je cru que je restais à Paris, alors que je suis rentré avec Nalvenn et Sébastien ? Quelle imagination débordante… C’est à peine croyable. Une main s’enroule fermement autour de moi et me ramène vers Gautier, allongé à quelques centimètres de moi. J’ouvre les yeux. Pas de rêve, je suis bien à Paris, dans les bras d’un « ami », après une nuit que je ne me souviens plus avoir entamé, mais qui s’est achevée ici, dans son lit. Gautier est encore à moitié endormi, et je tente d’échapper à son étreinte. Il la resserre et dépose un baiser sur mon épaule dénudée. Nu contre lui, je me sens terriblement mal, je voudrais courir pour fuir, fuir loin d’ici. Mais mon corps, dans un frisson, répond chaudement aux discours de ses doigts, et s’exprime en désaccord total avec ma morale judéo-chrétienne coincée. La chaleur des hommes est de toute évidence aussi agréable que celle des femmes. Sa tête sur mon épaule, je me met à sourire. Si Dieu existe, je ne crains pas d’être changé en pâte à sel entre ses doigts d’enfant colérique, car je suis béni. Mon sort est heureux, je peux aimer qui bon me semble, mâle ou femelle, m’ouvrir à des plaisirs dont beaucoup se privent sans vraiment savoir pourquoi ils le font. Par honte sans doute, mais quelle honte pourrais-je éprouver en cet instant même, alors que le soleil se lève paisiblement sur Paris et que la pression de ses doigts se relâche doucement pour aller et venir sensuellement sur mon ventre ? Aux yeux de vous, cortèges d’anges et de démons voyeurs, je me penche à mon tour sur la joue de Gautier, l’embrasse et redescend dans son cou, pour mieux le mordre. Et toi, Père, vois comme nos corps s’unissent bien… est-ce toi qui l’a voulu ainsi ? Des cris qui déchirent l’aube, de leur écœurante suavité virile. Et voilà que je vomis au dessus de la cuvette des toilettes. L’alcool de la veille. Ou peut-être un peu de honte, aussi. Car ton pouvoir est puissant sur nous, Père, et nous jouissons de nous sentir coupables pour toi, nous, pauvres statues de sel.
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