Fragment #32 - Virus

Un froid diffus dans ma chair me fait reprendre conscience de mon corps et de mon esprit, lorsque je n’étais plus que pensées galopant parmi les nuages du sommeil. Je m’enroule un peu plus dans la couette. Cela est plus que du froid, j’ai presque mal à l’estomac. Je m’allonge parfaitement à plat ventre afin de le compresser et de l’oublier. Mes paupières refusent de se soulever.
J’ignore si je me suis rendormie, j’ignore depuis combien de temps je suis éveillée, cette lancinante douleur faisant frissonner jusqu’au bout de mes doigts. Je me relève un peu, coince l’oreiller entre le mur et mon dos, et malgré la couette moelleuse remontée jusqu’à mon cou, je tremble. J’ai l’impression d’avoir tout l’abdomen paralysé, peut-être même mort, l’intérieur en est glacé.

Une remontée acide dans le fond de la gorge, j’ai juste le temps de me traîner sur quelques pas, mais une seconde plus forte arrive avant la salle de bain. Comme une secousse, elle vide mon estomac du rien qui l’envahissait, et mon parquet est bientôt luisant de sucs gastriques.
Et puis je me rince la bouche, me lave les dents, essuie le désastre avec une éponge humide ; cela me prend des lustres pendant lesquels mon système digestif continue à se détraquer.
Après un deuxième, puis un troisième épisodes « vomissement intempestif », je me décide à remplir cet estomac qui recrache tout ce qu’il peut. Je me force à ajouter une cuillère de miel à mon thé, et il me faudrait du pain. Rien d’autre, un thé au miel et du pain blanc.
« Heumm... Désolée, tu aurais du pain ? »

Et pour la deuxième fois, j’entre chez mon étrange voisin.