Alsciaukat
| Sujet: Fragment #98 - Sous l'infini blanc 13.04.08 17:00 | |
| Mercredi 18 juillet 2007 à Saint Avertin Ne rien faire. Je laisse la plus totale liberté à mon corps. Mes yeux s’ouvrent s’ils le désirent. Mes jambes s’étendent de manière à se trouver le plus confortablement possible. Mes bras reposent, inertes, dans l’herbe. Le ciel est gris, chargé de lourds nuages dont la surface presque interrompue offre au regard une vaste surface d’abandon. Si je le fixe longuement, les quelques tâches plus claires ou plus foncées qui s’y trouvent s’effacent, et ce n’est plus qu’une étendue infinie et uniforme qui me surplombe. Les yeux se mettent alors à me piquer, je cligne et les discontinuités réapparaissent. Une légère brise souffle sur l’endroit, je la sens qui courbe mes cheveux, se glisse sur mes joues en une caresse légère, remonte mon nez et s’enfuie de l’autre côté. Je la sens également sur le bas de mon ventre, là où mon polo est remonté lorsque je me suis allongé. Je l’entends dans le bruissement des milliers des brins d’herbes qui m’entourent et se ploient en des vagues successives brisées par mon corps, qui reprennent vie aussitôt après moi. Je me fonds ainsi peu à peu dans la nature, j’en deviens un élément à part entière ; je vis le vent ; je vois ses courants qui m’entourent, formes arrondies et dansantes, en mouvement constant, qui se tordent et s’arquent sous l’effet de forces complexes ; je suis l’herbe, verte et tendre, qui se tend vers les nuages en quête de pluie ; je suis la terre, immobile, lourde, éternelle, inflexible et massive, dont on ne voit que la surface et qui s’étend sur plusieurs milliers de kilomètres vers un centre brûlant. Je suis tout cela, et plus encore, mais les mots ne sont plus suffisants pour exprimer cette sensation. Et puis, une goutte. Je ne bouge pas tout de suite. Je laisse l’eau de juillet m’entourer peu à peu, m’apprendre à me connaître ; je l’apprivoise. Je me lève, remonte sur mon vélo ; rentre chez moi. | |
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