Fragment #107 - Sous ma peau

Un nouveau mail de l'Enfer est arrivé dans ma boîte électronique au travail. Je n'arrête pas d'y penser. Ils savent que je fais protéger Laura. Ils savent qu'elle ne sait pas. Aucune menace contre elle, ni même contre moi. Ils se rappellent juste à mon bon souvenir. Et ils savent que Jé m'a appelé hier.
J'ai pris le premier train pour Paris après le travail. J'ai invité Laura à venir passer la soirée à l'appartement de Montmartre. En y arrivant, j'ai jeté mon sac dans un coin, et me suis précipité dans la chambre occupée par Jé. Je fouille les tiroirs de sa commode, soulève chaque pile de fringues. Rien. Je m'attaque à l'armoire. Rien non plus. J'ouvre la penderie. Rien sur l'étagère, je frappe sur le mur du fond. Pas de renfoncement. Par contre, mon pied butte sur un coffret en bois. Le voilà.
J'amène le coffret dans le salon et le pose sur la table basse. Je reste assis un moment, dans le canapé, hésitant à ouvrir le coffret. J'ai peur de déconner. J'ai peur de faire une bêtise. J'ai peur de perdre Laura. J'ai peur qui lui arrive quelque chose.
J'ouvre la boîte enfin. Ils sont toujours là. Les deux pistolets que nous avions laissé avant de rentrer dans l'Enfer. Des Beretta 92FS d'après Jé. L'arme des policiers américains. Je n'y connais rien personnellement . Il m'a juste appris à m'en servir et à recharger l'arme. J'en prends un dans la main. Mon Dieu, dans quelle voie est-ce que je m'engage ? Est-ce que je fais le bon choix ? Depuis plusieurs jours, j'ai repensé à ce que Rozia m'a dit, cette fameuse nuit à l'Enfer. Tu ne t'es jamais réellement posé la question de savoir si elle était encore vivante ta tendre bien aimée ? Je suis quasiment sûr désormais qu'ils y sont pour quelque chose dans sa disparition. Rien que d'y penser, l'acide s'éveille. Ca faisait longtemps. Je leur ferai payer si je découvre qu'ils ont fait un jour du mal à Sofia.
Je repose le Beretta dans le coffret et le cache sous le canapé lorsque j'entends sonner. Je vais ouvrir. L'acide se calme et mes pensées s'éclaircissent. Laura se tient devant moi. Je ne peux m'empêcher de superposer mentalement son regard et celui de Sofia. Elles ont tellement en commun.
« Tu me fais quoi ?
- Rien, je me disais combien tu es belle. »
Laura rougit. Je l'embrasse. Je crois que je suis vraiment amoureux.
Et l'Enfer ne peut rien contre.