Alsciaukat
| Sujet: Fragment #114 - Promenade à Amboise 13.04.08 17:55 | |
| Dimanche 21 octobre 2007 à Amboise « Avec un chien, le tableau aurait été complet. » Christelle me sourit. Ses pommettes roses dépassent à peine de l'épaisse écharpe noire qui entoure son cou. Elle est d'une élégance à couper le souffle, ainsi habillée pour l'hier. Pourtant ses vêtements sont simples, sa veste noire n'est pas débordante de fourrure, sa coiffure, bien que parfaite, n'est pas non plus d'une incroyable complexité. Mais quelque chose dans son port, son visage, donne une impression d'harmonie qui s'accorde à merveille avec le ciel d'un bleu glacé qui s'étale derrière les arbres en train d'entamer leur processus d'hibernation. A côté, Jérôme pourrait avoir l'air maladroit, mais une étincelle dans son regard, qu'il semble avoir emprunté à Christelle justement, lui confère une attitude si sereine, si paisible, que même sa chemise pas tout à fait rentrée dans le pantalon passe pour une coquetterie étourdie. Il me regarde, et lui aussi sourit, tellement heureux de voir que je suis bien ici, que pour une fois je n'ai pas rechigné à l'accompagner. Léa et Christelle sont finalement venues avec nous à Saint Avertin, dimanche dernier, lorsque nous sommes partis de chez elles ; l'expérience s'est bien déroulée... Finalement, nous sommes tous repartis mardi soir à Joué-lès-Tours, puisque cela nous arrangeait tous, niveau trajet. Jérôme est repassé jeudi chez nous pour récupérer les aliments qui risquaient de se périmer ainsi que pour transporter une partie de nos affaires dans ce qui sera sans doute notre nouvelle demeure. Je suis simplement bien, là-bas. J'aide Léa à faire ses devoirs lorsqu'elle a des problèmes, ce qui est plutôt rare, et je lis mes cours de chimie à côté d'elle en lui caressant les cheveux, sur mon lit ou le sien. Nous continuons de faire chambre à part, et sommes heureux ainsi. Léa est la plus belle de nous quatre. Habillée avec la même élégance que sa mère, son visage resplendit sous la lueur du soleil qui déjà commence à se coucher et qui accroche ses cheveux laissés libres sur ses épaules. Jérôme dépose le panier, et Christelle en sort une nappe qu'elle étale au sol. Ensemble, ils en sortent des aliments qu'ils disposent sur le tissu. Nous nous asseyons autour et Christelle nous tend à chacun une assiette. J'enlève mes gants malgré le froid, simplement pour ne pas avoir l'air aussi pataud que Jérôme avec ses couverts. Nous nous servons de salade et commençons à manger. Le tout doit sans doute être d'une banalité affligeante, vu de l'extérieur, mais nous sommes seuls. Nous parlons un peu de notre installation à Joué-lès-Tours. La conversation est un peu maladroite, parce que lorsque nous parlons de ne pas encore vendre la maison à Saint Avertin, nous savons que c'est au cas où cette histoire ne marcherait pas, tout en se refusant de l'imaginer. Malgré cela le ton est joyeux, et le repas est bon. Le soleil se reflète sur l'eau qui s'écoule tranquillement à côté de nous Lorsque nous avons fini, nous rangeons le tout et Jérôme et Christelle s’assoient pour regarder la fin du jour. Léa et moi nous éloignons en marchant, la main dans la main. Son visage est rosi par la fraîcheur. « Ca va aller, pour ton devoir de demain ? Tu n'as pas beaucoup travaillé. - J'ai relu mes cours. Ca ira. » Elle ne s'inquiète pas, elle sait que je n'ai pas de difficultés en cours. « Et toi, tu connais bien ton cours de philosophie ? » Elle s'arrête pour rire. Ses cours de philosophie n'ont rien de sérieux, la plupart des élèves jouent aux cartes pendant que le professeur parle. Pour sa part, elle suit vaguement en prenant quelques notes, et lis quelques bouquins à côté. Elle a de bonnes notes. Nous nous asseyons à notre tour sur une grosse racine, l'un contre l'autre pour se tenir chaud. Au loin, le soleil s'abîme lentement sur les jardins du château. | |
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