Fragment #133 – Ordre deux résolu en x"

Ordre deux résolu en x"... Bon sang... Comment ai-je pu être passionné par tout cela ?... Et pourtant c'est étrange, j'oscille entre des phases où les mathématiques et la physique me passionnent, et d'autre comme à présent où je les ai en horreur, et où le moindre symbole m'est obscur. Et les choses perdent immédiatement une folle quantité d'intérêt lorsqu'on ne les comprend pas. Pourtant c'est si simple ! Hier encore, je comprenais cet exercice sans même y réfléchir sérieusement... Peut-être y ai-je passé trop de temps, faute d'avoir autre chose à faire...
Léa est très occupée à réviser elle aussi. Elle a un bon niveau, pourtant, mais... C'est une fille, elle a besoin de se rassurer en travaillant, j'imagine. Et je me retrouve seul face à mes cours. Je n'ai pour ainsi dire rien écrit depuis le début des vacances. Quelques esquisses, des débuts sans suite, rien de valable. Je me sens comme entre deux eaux. La malédiction des vacances... En période scolaire au moins, on a l'esprit occupé, on ne s'arrête pas, il faut travailler et suivre les cours. Les histoires évoluent autour de nous, il faut tout suivre, tout écouter. Là, c'est comme s'il n'y avait rien, qu'un vaste néant dans lequel je me perds. Seule la réalité est là pour me soutenir ; Léa, avec qui je passe malgré tout la majorité de mon temps, et Jérôme et Christelle. Leur couple me fascine. Ils n'ont pas l'air de se lasser, il y a toujours ces œillades, ces petits moments de gêne parfois, tout ce qui fait un jeune couple.
Je me lève, abandonne les cours. Ca ne sert à rien de s'obstiner. Je sors de ma chambre pour aller vers celle de Léa. Toque à la porte.
« Oui ? »
Sa voix est fatiguée et ailleurs, comme si elle se réveillait d'un profond sommeil. Je pénètre dans son antre, qui m'est désormais aussi familière que la pièce que j'occupais à Saint Avertin. Léa lève la tête vers moi et me sourit.
« Dis donc, tu devais pas travailler, toi ?
- Ben... si... Mais j'sais pas, je suis pas motivé...
- Tu crois que je suis motivée, moi ? »
Je lui souris à mon tour. Bien sûr, qu'elle est motivée, même si elle ne s'en rend pas toujours compte.
« Besoin d'aide ?
- Non, ça va, c'est le lycée, c'est facile, comme diraient certains ! »
Je m'assois sur son lit en silence, et elle se replonge dans ses cours, sous mon regard attentif. Quelques minutes passent. Du rez-de-chaussée monte la voix de Christelle :
« A table ! »
Je me redresse, observe Léa faire de même, et descends avec elle.