Bételgeuse
| Sujet: Fragment #44 - A l'aube 13.04.08 18:39 | |
| Dimanche 27 août 2006 à Dijon Je crois que l'aube se lève, il fait plus clair. C'est étrange, on ne s'en rend pas compte mais la nuit s'en va petit à petit et ce n'est qu'à un stade avancé qu'on se dit « Tiens la nuit est finie! » Enfin dans mon cas, nuit ou jour, peu importe. Je suis tombée à terre il y a un moment déjà, je crois, je ne sais plus très bien. Tout ce que je sais, c'est que le mur derrière moi tangue un peu, que j'ai vidé la bouteille qui me tenait compagnie, et que les autres semblent loin, loin. Je décide d'attendre un peu...que ça se calme, que le monde arrête de tourner tout autour de moi, me laissant seule plantée comme une cruche au centre d'une masse mouvante. Je fais tomber ma tête en arrière, elle heurte violemment le mur, déclenchant un rire incontrôlable. Puis je bascule le poids de mon corps en avant, retombant lourdement sur mon bras gauche, et me traîne à quatre pattes, les distances se sont multipliées par dix, j'avance lourdement, me traînant à quatre pattes, les bouteilles sont loin, loin, je crois que j'ai mal à la tête, derrière, et le mur pleure parce que je lui ai fait mal, à quatre pattes je me traîne, loin, loin, je n'ai pas dormi et déjà l'aube se pointe, quelle connasse, je te jure, connasse, un jour je te trouverai et je te trancherai la gorge et tu ne pourras plus jamais te lever comme ça comme une fleur pour nous dire « hey les gens! C'est l'heure! », mais attend, pas maintenant, pour le moment je me traîne, loin, à quatre pattes, loin, pourquoi ces putains de bouteilles sont si loin, j'ai les genoux en feu à force de les traîner nus sur la moquette, je ne me souvenais même pas d'avoir de la moquette, j'ai les genoux en feu à force de les traîner, enfin j'y arrive, ma main s'agrippe à une bouteille, essaie de la serrer fort, mais mes doigts répondent à peine, putain de doigts, la bouteille se soulève presque seule jusqu'à mes lèvres, mais elle vise mal, et cette putain de bouteille laisse son liquide transparent s'échapper, et puis je suis trempée, ma chemise de nuit est trempée, et puis j'arrive à verser du liquide dans ma bouche, je sens à peine le goût, mais j'en ai besoin, putain, j'ai besoin de boire ce truc qui ne sent presque plus rien tellement mes papilles ont cramé, il descend dans ma gorge, rejoignant ses putains d'amis liquides qui font une partouze dans mon estomac, j'ai un putain de mal de tête, et ce putain de mur qui n'arrête pas de pleurer, est-ce que je pleure, moi, connard, est-ce que je te fais culpabiliser parce que tu m'as fait mal, connard, j'ai mal, et les objets n'arrêtent pas de tourner, ils veulent jouer à cache-cache, ou quoi, ces putains de connards d'objets, et tout le monde s'en branle que je sois là comme une conne à pleurer, j'ai mal, je suis trempée, et je vais finir par me noyer dans mes larmes, comme une conne, et ce putain de mur qui pleure, et ces putains de meubles qui dansent dans ma tête, j'ai mal, je ne me sens pas basculer, mais là, je vois le plafond, mais j'entends toujours ce putain de mur qui pleure, TA GUEULE, connard de putain de mur, ta gueule, s'il te plaît, j'ai mal, et le plafond tourne aussi, la bouteille, où elle est la bouteille, le plafond tourne, et cette connasse a roulé trop loin pour que ma main s'y agrippe, le plafond tourne même lorsque je ne le regarde plus, et maintenant ce putain de connard de mur ne pleure plus, je l'entend qui se fout de ma gueule parce que je suis à terre, et parce que le plafond tourne, danse , et tourne, et danse, et tourne... | |
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Altaïr
| Sujet: Re: Fragment #44 - A l'aube 09.06.09 15:46 | |
| On le relit, on rit, on se souvient...
Quel vertige, quel humour, quel délire déchéant...
Pourquoi tu n'écris pas plus souvent ?... | |
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