Bételgeuse
| Sujet: Fragment #71 - Rencontre avec l'Ecrit 13.04.08 19:37 | |
| Lundi 13 novembre 2006 à Dijon Ecrire permet de mieux visualiser le labyrinthe de l'esprit, et d'en avoir une approche plus claire. J'ignore pourquoi les mots de cette psy, une parmi tant d'autres, alors pourquoi ne me souviens-je précisément que de ses mots à elle ?, pourquoi ils me reviennent juste maintenant, alors que je suis, stylo levé, en train d'essayer de réfléchir à ma dissertation. Le mal est-il nécessaire ? Peut-être devrais-je comprendre le Mal, l'inqualifiable Mal, d'une autre nature que le simple mal qui me ronge comme de l'acide coulant à la place de mon sang, à moins que ce ne soit cela, le Mal, le vrai Mal, ce poison insidieux qui vient d'on ne sait où et qui ne partira jamais. Etait-ce de ça dont elle me parlait ? Etait-ce cela qu'elle me demandait de coucher sur le papier Toujours à la main, pour sentir l'affrontement physique avec les mots, était-ce ce qu'elle attendait de moi ? Que je dise l'indéfinissable, que je décrive l'indicible ? Sans que je m'en aperçoive, ma main a commencé à dessiner le serpent de mon esprit, il se tord de droite et de gauche, virant de bord parfois si soudainement qu'il se casse en angles droits. Il part d'abord vers le haut, puis redescend en une sinueuse danse, hypnotique et... Et je ne sais pas, on dirait qu'il se débat, qu'il tente d'échapper à quelque chose. Peut-être lui-même a-t-il un esprit en forme de serpent tortueux ? Plantée devant mes yeux, une silhouette, sûrement depuis quelques minutes déjà, je ne l'avais pas vue, plongée que j'étais en mon labyrinthe intérieur. Mes yeux déchiffrent une veste en velours un peu usée, une chemise un peu froissée. Je lève lentement la tête, pour garder le suspense, mais c'est bien inutile. « Je hum... Je te dérange ? » Ses yeux sont une douche délicieusement froide, ils m'enrobent tels ma déesse Eau, glacent mon sang et font frissonner le moindre de mes muscles. « Non, non, je... réfléchissais à une dissert', tu veux t'asseoir ? » Je m'attend à ce qu'il tire la chaise qui se trouve en face de lui, mais non, il fait le tour de la table, et vient s'asseoir à côté de moi. Sa main me frôle l'épaule, et malgré mon pull je sens presque les sillons qui forment ses empreintes digitales. Il sort un stylo et une feuille blanche de son sac, et, comme mû par un besoin extrêmement pressant, se jette à bras le corps contre le papier, armé de sa plume. Je reste un instant ébahie, puis je me dis que ce n'est pas très poli de dévisager quelqu'un comme ça ; mais déjà mon regard est comme collé à ce morceau de glace, et je ne peux plus me détacher de la courbe jolie de son nez, de sa bouche entrouverte par l'inspiration, qui remue de temps en temps pour vérifier la sonorité d'une expression. « Tu as beaucoup de travail ? Tu as l'air très... inspiré ? » Ma dernière phrase a malgré moi le ton montant d'une question. Sans lâcher sa main, tiens il est gaucher, sans la lâcher des yeux, il répond en murmurant pour ne pas déranger les autres étudiants de la table. « Non, pas vraiment. Enfin ça... C'est plus pour moi. » Ecrire permet... Quoi déjà ? | |
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