Etoiles d'Encre
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.


 
AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  Comment participer ?Comment participer ?  ConnexionConnexion  
-29%
Le deal à ne pas rater :
DYSON V8 Origin – Aspirateur balai sans fil
269.99 € 379.99 €
Voir le deal

 

 Fragment #58 - Laisse moi te raconter

Aller en bas 
AuteurMessage
Altaïr

Altaïr



Fragment #58 - Laisse moi te raconter Empty
MessageSujet: Fragment #58 - Laisse moi te raconter   Fragment #58 - Laisse moi te raconter Empty09.04.08 17:50

Vendredi 18 août 2006
à Dijon

Beau temps sur Dijon ce matin. J’ouvre en grand la fenêtre de mon temple du sommeil, pour y laisser entrer le sourire du soleil. Après l’orage de la veille et la grêle (quel bel accueil tu m’as fait là, ma Dijon), le ciel nous devait bien ça. J’entreprends de ranger un peu, ne serait-ce que les courses de la veille (ça ne tiendra pas longtemps, il faudra que je passe chez papa) et mes affaires de voyage. La matinée s’écoule paisiblement, en partie croquée par ma nuit qui s’est étendue tardivement, et dont l’écume est venue grignoter les premières heures. Je me sens vide et léger (même si je pense toujours à toi, Gautier, tu le sais, je ne t’oublie pas ; pas encore). Il y a des jours où l’avenir me paraît une montagne infranchissable, et d’autres où je la contemple, cette belle montagne, avec la joie et l’enthousiasme que procure l’idée d’une multiplicité de chemins pour y parvenir, et qu’un seul sera foulé par mes pas, le chemin, celui qui doit être pris et ne peut pas ne pas être arpenté. Je ne sais pas si je crois plus au destin qu’au hasard. Au fond, il semblerait que ce soit la même chose, mais que dans cette histoire, seule la conception de soi et de la vie ne change. Je crois au destin, parce que c’est agréable de se dire que tout est écrit, que quelqu’un trace ce que je vis comme je trace le chemin d’Arthur. Le hasard est bon pour les gens enfermés dans leur lucidité pure, pas pour moi. Petite douche pour rafraîchir ces quelques pensées. Je me fais beau pour toi Nalvenn, tu vois ? J’espère que ton fiancé ne sera pas là, non pas que je n’aime pas Sébastien car après tout je ne le connais pas, mais en fait je le déteste. Je ne veux pas le connaître.
Mon déjeuner est bref, car j’ai un peu de temps devant moi pour travailler la suite de mes écrits, et il me tarde de m’installer à mon bureau. La petite boîte de Nathan est toujours là, elle me regarde. Non, c’est moi qui la regarde. Quelle est cet élan soudain de curiosité qui me démange et me gratte ? Je regarde l’adresse de ce Jed Cléart. Il habite dans la banlieue de Dijon, dans un endroit où je ne suis jamais allé. Ca aurait été plus simple de me donner son numéro (pourquoi ne décroches-tu pas, Nathan ?). Peut-être aurais-je le temps de la lui apporter aujourd’hui, après mon rendez-vous avec ma luciole ? Je ne saurais dire pourquoi, mais il commence à me tarder de l’ouvrir, cette boîte. Oui, enfin, de la lui apporter pour qu’il l’ouvre. Pourrais-je voir, moi aussi, ce qu’elle contient ? Je me concentre sur mon cahier et, enfin, le temps s’accélère.
Je retrouve Nalvenn à la terrasse du Rabelais. Petite blonde aux yeux de glace si tristes, ma petite islandaise, ma lumineuse. C’est de te revoir, enfin, ce petit sourire frais et éclatant au coin de ta bouche, d’entendre ta voix et ton accent fondant comme la neige, avec cette façon si particulière que tu as de prononcer mon prénom, et la spontanéité avec laquelle tu t’empresses de me serrer contre toi, contre ta poitrine chaude qui se colle contre ce cœur que tu sais si bien consoler, oui, c’est là que je comprends combien tu m’as manqué. Tu es l’amie véritable et unique que j’aie dans cette ville (Sylvain est à Besançon, Nathan à Paris), et j’ai été trop stupide de croire que mon affection pour toi était similaire à l’amour.
« Sébastien n'est pas là ?
- On est bien tous les deux aussi, non? Alors, raconte moi tout ! »
Oui, je vais tout te raconter, de cet été extraordinaire, peut-être le plus génial de toute ma vie. Laisse moi te raconter Nathan et son appartement, mon inspiration et Arthur, et Bleuette et les champs. Laisse moi te raconter Gautier et nos soirées enivrées, son secret, qui est aussi le mien, le début des arcs-en-ciel. Laisse moi te raconter nos clivages, nos disputes, nos crachats et la peste. Laisse moi te raconter comment tout ça finit, comment je suis revenu ici, plus fort qu’avant, plus fort qu’un dieu, les quais de Seine et le caillou. Mais déjà il se fait tard, le crépuscule commence à envahir la rue du Bourg, et nous devons rentrer. En retournant à mon temple du sommeil, un baiser encore frais sur ma joue et le cœur gonflé de joie en pensant à Nalvenn, je me surprend à sourire. En racontant mon été, j’ai la sensation de l’avoir rendu plus réel, de l’avoir coulé dans une consistance moins évanescente. Je passe devant le miroir et adresse un regard hautain à mon reflet sans m’attarder. Allongé sur mon lit, je profite de cette brise légère et (enfin) estivale qui entre par la fenêtre. La boîte de Nathan est toujours sur le bureau et il est trop tard pour aller l’apporter à Jed. Tant pis, ce sera pour demain.
Revenir en haut Aller en bas
http://etoilesdencre.com/
 
Fragment #58 - Laisse moi te raconter
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Fragment #539 - Le Mal
» Fragment #42 - Un Fragment d'Explication?
» Fragment #120 - How is it to be done

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Etoiles d'Encre :: FRAGMENTS :: Julian-
Sauter vers:  
Ne ratez plus aucun deal !
Abonnez-vous pour recevoir par notification une sélection des meilleurs deals chaque jour.
IgnorerAutoriser