Altaïr
| Sujet: Fragment #280 - Renouveau au Dionysos 13.04.08 21:11 | |
| Samedi 1er septembre 2007 à Dijon D'abord arrivent les sons. Un brouaha flou qui m'enveloppe complètement; mêlé aux autres sensations en éveil. Et puis il y a le toucher, la texture des draps et de mon corps collé au matelas. Viennent ensuite ce goût dégueulasse dans la bouche et l'odeur de ma sueur. La vue sera la dernière arrivée. Des yeux embués qui clignent bêtement, jusqu'à ce que le réel se décante devant mon regard. Les pensées commencent alors à se former de manière organisée. L'excitation monte en moi comme chez un enfant qui va découvrir ses jouets sous l'arbre de Noël. Aujourd'hui, c'est le grand jour, ma rentrée au Dionysos, et je savoure l'impatience de découvrir ce qu'il est advenu du bar après deux mois de travaux. Je prends une douche rapide et enfile mes vêtements, sans me donner le temps de manger. Lilian me regarde m'activer avec étonnement, trop habitué à mon immobilisme de ces derniers jours. « Bonne journée, me lance-t-il, la bouche pâteuse. » Profite de tes derniers jours de répit, Lilian, la première année de fac de médecine ne sera pas de tout repos. Je ferme la porte derrière moi et dévale les sept étages en sautant les marches quatre à quatre. Dans le hall je subis le regard chargé d'animosité de Mme Richard, avant de disparaître au-dehors. Rue Docteur Chaussier. Place Darcy. Rue de la Liberté. Rue du Bourg. Rue Amiral Roussin. Je redécouvre le chemin qui mène à mon lieu de travail. De l'extérieur, il semble n'avoir pas changé, ce petit bar coincé entre deux murs, ce petit endroit secret, ce refuge pour les Naufragés. Petite inspiration. Je pousse la porte et pousse un « waouh » de surprise. Rien n'est plus comme avant. Le comptoir a changé de place et de forme, désormais il est au centre de la pièce, face à la porte, et circulaire. Tout a été refait : le sol, les murs, le plafond. Même les tables et les chaises ont été changées, si bien que l'ensemble paraît plus moderne. Louis sort de l'arrière-salle et me rejoint, un grand sourire sur les lèvres et dans son regard bleu sans récif. « Alors le vacancier ? Ca s'est passé comment ? - C'était cool. J'ai visité les grandes villes italiennes. - Rien que ça ? - Et toi ? je demande avant qu'il ne me pose d'autres questions. - Je suis resté à Dijon, trop de choses à faire. Et puis quelques embrouilles avec la famille, mais ça c'est la routine. » Dévoile toi Louis, dévoile moi qui tu es. Je connais ta mère, la vieille Michèle, et je sais désormais que Romain est ton neveu. Mais à part ça, je ne sais rien de toi. Je ne peux que supposer l'existence d'une relation que tu aurais pu entretenir avec Géraldine, mais sans grande certitude. « Alors, qu'est-ce que tu penses de tout ça ? s'enquiert-il. - Eh bien... Ca donne un coup de neuf. C'est moderne. C'est bien. » Louis écoute mon verdict avec appréhension. Il craint que ce renouveau du bar n'altère le charme authentique du Dionysos, comme le lui avait fait remarquer Romain. Je le rassure en lui disant que les gens aiment ce qui changent. Il n'a pas l'air bien convaincu. « Bref, on verra, ce qui est fait est fait. Tu n'as pas vu le caveau au fait, suis moi. » Louis me montre une descente d'escaliers, pourtant évidente, que, de prime abord, je n'avais pas remarquée. Nous l'empruntons pour nous retrouver dans une nouvelle pièce en sous-sol, aux lumières changeantes, munie d'un comptoir et d'une piste de danse. « On dirait une discothèque, je fais remarquer en souriant. - Les gens aiment danser, non ? se justifie Louis, mal à l'aise. » Je voudrais lui dire de ne pas s'inquièter, que tout est très bien comme ça, mais une question arrive dans ma tête à une vitesse folle. « Louis, est-ce qu'on sera assez de deux pour assurer le service entre le bar et le caveau ? - J'ai engagé quelqu'un d'autre. Vous serez deux pour le service le soir. Il y aura aussi un disk-jokey pour certaines soirées. - Et qui sera le... » Je suis interrompu par la sonnette. Nous remontons dans le bar. Là, une jeune fille brune a poussé la porte d'entrée. Plutôt petite, le visage joli et intelligent, les cheveux courts, elle serre la main de Louis, puis la mienne. « Julian, je te présente Lullaby. C'est elle qui assurera le service avec toi désormais. » | |
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