Altaïr
| Sujet: Fragment #311 - Le Orange et le Noir 14.04.08 1:38 | |
| Mercredi 31 octobre 2007 à Dijon C'est Halloween. Michelle est venue plus tôt que d'habitude ce matin, elle apportait de grosses citrouilles qu'elle a patiemment évidées et sculptées en visages d'horreur. Je la regardais faire, avec ses petits bras frêles, acharnées. Histoire de ne pas trop penser. De ne pas trop y penser. Nous avons mis des guirlandes oranges et noires en papier crépon un peu partout, des bougies dans les citrouilles ou flottant sur de l'eau dans des verres sur chacune des tables. Parce que the show must go on, comme on dit, pas vrai ? Bien sûr, personne n'oublie Jack. L'enterrement à lieu demain. J'ai préparé un bel habit noir pour aller au cimetière. Ce sera ma première cérémonie de mise en terre. Ca me fait un peu peur. Lilian a promis qu'il sècherait les cours pour venir avec moi, j'espère qu'il tiendra parole. De plus en plus souvent, il vient travailler ici : il s'installe sur une table dans un coin et étale ses affaires dans lesquelles il se plonge avec ferveur. J'ai l'impression que la médecine le fascine. Tant mieux pour lui. Soudain je repense à Florian. Il va divorcer, ce con. Et moi qui regardait sa petite situation d'occidental way of life avec admiration, peut-être même avec un brin d'envie... Il ne faut rien envier à personne, on ignore ce qui se cache derrière des apparences bien léchées. Elodie est une garce, bon, ça on l'avait compris, mais je pensais au moins qu'elle aimait Florian. Pétasse va. Ne t'avise pas de faire du mal à mon frère. Il faudrait que je passe le voir, un de ces jours. Mais tu n'iras pas, hein ? Tu es trop lâche et égoïste pour ça... Et puis la Horde sera bientôt après nous, si ce n'est pas déjà le cas. Ce n'est qu'une question de temps, et puis nous finirons crevés comme un chien. Merde alors, qu'est-ce que je peux faire ? Aller à la police ? Non Julian. Tu sais très bien ce que tu as à faire... Je reste immobile devant le miroir au dessus du lavabo dans les toilettes du Dionysos. Lullaby vient d'entrer derrière moi et me regarde en haussant les sourcils. « Tu fais quoi ? elle me demande avec son petit air désinvolte. - Rien, je dis. » Et je la bouscule un peu en sortant des toilettes. Oui, je sais ce qu'il me reste à faire. Mais... en aurai-je le courage ? | |
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