Aldébaran
| Sujet: Fragment #64 - Tout va trop vite 15.04.08 18:49 | |
| Vendredi 10 novembre 2006 à Dijon Ma belle blonde, tes cheveux en cascade dansent avec la lumière, et je te prends le bras. Suis-moi dans le dédale des ruelles de Dijon. Cours-moi après, saute de bus en bus, de magasin en magasin dans le creux de mes bras, nos deux chaleurs mêlées. Tu ne sais pas pour Jonathan. Tu me regardes dans le fond des yeux et tu crois me voir. Moi l’enfant de toujours, les yeux rieurs, le sourire aux lèvres. Je suis ton meilleur ami, tu me répètes ; et je te crois. Je crois voir de la sincérité dans tes yeux bleus. Tu as parlé de moi à tes copines. Mauvais plan pour moi. Serais-tu amoureuse, déjà ? Mais c’est ce que je voulais non ? Non, pas si vite, pas si fort, pas si… nous courons bras au creux du bras, le velours de ton manteau noir flottant contre mes jambes. Danse avec le vent, réchauffe-moi de tes rayons et de ta bonne humeur. Le froid n’est plus si froid maintenant que tu es là, les sandwiches ont un goût différent. Nous deux seuls sur un banc, comme deux amoureux pourtant si loin de tout ça. Toi qui me racontes ta vie. Les années collège et la dureté des batailles de filles, les messes basses et l’inanité des langues de vipère. Moi qui te serre dans mes bras. Non, ne tremble pas, ne laisse pas ces larmes humecter les coins de tes yeux, je t’en prie. J’ai soudain peur de tout ça, de ce que j’ai décidé de faire de toi, ma petite marionnette de chiffon. Et mon étude sociologique. La psycho me tourne la tête ces temps-ci. Je suis différent. Je vois tout d’un autre œil. Les gens qui s’aident, ceux qui se mettent des bâtons dans les roues ; le froid de certains regards et la méchanceté immanente. Pourquoi l’espèce humaine est-elle prête à tomber dans le gouffre ? Pourquoi ne savons-nous pas nous détacher du mal, de la guerre et des atrocités que chacun est capable de faire à l’autre. Et l’impossibilité de pardonner. Mais Manon me pardonnera-t-elle ? Est-il si facile de pardonner ? Quelle question conne. Evidemment que non. Pardonner est un acte qui vous déchire les tripes, qui vous détruit, qui fait de vous quelqu’un d’autre ; parfois même plein de rancœur et d’amertume. Pardonner parfaitement c’est oublier, mais nous ne sommes pas capables d’oublier, notre cerveau n’est tout simplement pas fait pour ça. Serais-je capable de pardonner ? En échange de ton corps qui tremble dans mes bras, je t’offre ma vie. Plus exactement une version de ma vie. Occultant les détails peu importants, tels que l’existence de Jon, et beaucoup de ma part sombre. Tu es le loup-garou. Gare au loup tapi en toi, Jed. Je rajoute, j’édulcolore, je transforme ma vie en conte. En conte triste, une sorte de Barbe-bleue en jupons. Tu me prends dans tes bras, mais mes yeux restent désespérément secs. Comme ceux de Tyler dans les bras de gros Bob. Evacuer ton mal-être Jed. Vite. Mais je vais bien, très bien même ! Je n’ai rien à évacuer. A part cette petite part perverse en moi qui travaille Manon au corps. Tes bras serrés contre moi, et l’ampleur de ta respiration, et la chaleur de tes paumes sur ma nuque, et le doux bruissement blond de tes cheveux, et le sucré de ta peau, et le goût de tes lèvres, et… Et le goût de tes lèvres ? | |
|