Fragment #390 - Nouveau rythme de vie

Le réveil sonne. Je l'éteins et m'étire dans mon lit. Sa Majesté vient se frotter contre mon visage en ronronnant avec puissance. Je me lève et descends l'échelle, me dirige vers le frigo, prends une bouteille de lait et l'ouvre. Je sors une petite écuelle et y verse le liquide blanc coupé avec de l'eau, afin que le chat puisse le digérer correctement. Sa Majesté miaule jusqu'à ce que je dépose son petit-déjeuner à même le sol, qu'il vient laper avec appétit. Je me préparer un café, et vais m'habiller tandis que ça monte. Des chaussettes, un boxer, un pantalon, un tee-shirt, un gilet. Le café est chaud. Je me sers une tasse et bois le liquide brûlant, mélangé avec du sucre. J'y trempe des petits palets beurrés. C'est un régal.
Je finis le café, moins noir que celui auquel j'avais droit chaque matin à Dijon, je ne sais pas, il semblerait que j'ai appris à le rendre meilleur, plus doré.
La salle de bain. Je me lave la figure et les dents. L'eau froide achève de me réveiller. Je détaille mes traits dans le miroir. Une pensée pour Goran éclot dans mon cerveau. C'est la première de la journée. Beaucoup d'autres, dès lors, suivront.
Je coiffe mes cheveux, me parfume, puis enfile des chaussures et une veste, je prends mes clés et mon porte-feuilles. Je dis au revoir au chat et referme la porte de l'appartement derrière moi. Dans le couloir, je passe devant chez Clarisse, Elisabeth et Colette. Je sors de l'immeuble et marche jusqu'à la station de métro Le Kremlin-Bicêtre. Ligne 7 direction La Courneuve. Je m'arrête à Place d'Italie et prends la ligne 5 direction Bobigny. Le serpent souterrain glisse avec fracas dans les galeries qui sillonnent les sous-sols de Paris. Je descends Place de la République, m'allume une cigarette, et me dirige vers McDo. Je retrouve Ben et Anaïs qui fument devant. Juliette nous rejoint et leur fait la bise avant de me serrer dans ses bras. J'aime ces traitements de faveur. Nous terminons nos clopes et entrons dans la salle équipiers. Je regarde le tableau. Goran est là et vient m'embrasser. Je suis amoureux de toi, je crois. Nous nous affichons devant tout le monde, et nous nous en fichons. Et puis les autres sont bien contents pour nous. Caroline, la manager, fait un peu la gueule. C'est vrai qu'elle avait des vues sur Goran. Du coup, je me retrouve au lobby. Pouffiasse.
La journée s'écoule paresseusement. Je débarrasse, je balaie, je lave les tables. De temps à autres je jette un œil au grill en me mettant sur la pointe des pieds, dans l'espoir de voir mon petit ami travailler. Le ballet des clients ne s'arrête jamais. Ils vont et viennent et mangent comme des porcs de la nourriture pleine de graisse, mais ils aiment ça parce que c'est sucré, et ce qui est sucré est bon, même les frites, même le pain et la viande, et les sauces, tout. Je me demande même s'ils n'en mettent pas dans leurs salades.
La journée de travail se termine. On se retrouve dans la salle équipiers, on déconne entre nous, on relâche la pression. Aujourd'hui c'était un gros rush. Dans notre langage, ça veut dire qu'il y avait beaucoup de monde. Chaque univers a ses codes propres.
Nous sortons, nous fumons. J'embrasse Goran. Nous puons l'huile, mais peu importe. Rien ne vaut le plaisir d'être dans ses bras. Juliette nous fait rire un moment, puis nous rentrons chez lui.
20e Arrondissement. Place des Fêtes. La porte se referme derrière nous. Goran joue un peu de guitare. Petite pensée pour le paquet destiné à mon grand-père, vite balayée par un flux de sentiments parasites. Nous reparlons de la soirée de mardi au Pop In. On pourrait y retourner. C'était sympa ce petit groupe, les Yolks. Nous nous allongeons sur le canapé, dans les bras l'un de l'autre.
Et nous nous endormons ainsi.