Wezen
| Sujet: Fragment #1 - Retour sur moi 03.06.08 1:03 | |
| Dimanche 1er juin 2008 Rouen
Face à la mer ; qu’est-ce que je fais ici ? Il fait doux il doit être bientôt minuit, j’attends que la boite ouvre. Droit devant moi, le trou noir, pourquoi revenir ? Que chercher ici ? Un homme passe devant moi, un certain âge, pas le miens, pas pour moi. Il repasse. Qu’est-ce que tu veux ? Je comprends. Soit direct, je ne supporte pas qu’on me tourne autour. Une vieille pédale qui veut se faire un minet. C’est couru. Il commence à pleuvoir légèrement, personne sur la promenade, hors saison cette ville est triste. L’homme attend à quelques mètres en regardant dans ma direction. Dérisoire. Ça sonne.
- Allo - Allo Marco … Je me demandais ? - Quoi ? - Pourquoi mon copain ne voulait pas que tu restes chez nous quand il partait au boulot ? - A ton avis ? - Je ne sais pas. - Si ! - Tu aurais pu me proposer des trucs ? - Il a raison de se méfier. On s’est connu il y a plus de six ans, il reste des choses à régler. - Tu veux passer en parler ? - Non. - Bon, ok, n’hésite pas à rappeler si t’as un soucis dans la nuit. - Bonne nuit.
Ce gars ne me dit pas grand-chose. Je vais vers la boite, néon bleu, j’entre, vide, boite gay hors saison. Je m’installe au bar, je ne connais pas ce barman, je reconnais une photo de moi derrière le bar, je la montre au barman, moi à 18 ans. Il me sert. - Des nouvelles de Joyce ? - Elle est morte il y a quelques mois. Je me souvenais de cette magnifique transsexuelle, ses spectacles après minuit avec sa copine Cocaïne. C’était l’âme de cette boite. Je me sentais bizarre dans cette boite vide où restait sur le murs les souvenirs de ma découverte de ce milieu. Evaporés, les mecs qui me séduisaient, les vieux qui me payaient des verres à boire, la coke, les lesbiennes dans la pièce à côté. Où sont-ils passés ? Même le patron est mort. Philippe, j’étais son préféré. La vielle pédale est entrée, elle s’assoit à côté de moi. On s’échange quelques mots sans intérêts. Il me paye le verre. Il a une voiture. Au moins je serai raccompagné à l’hôtel. Je descends dans la salle en dessous du bar. Vide aussi. Un grand écran projette un film porno, un minet se fait prendre dans les bois. Je regarde sans excitations. Un homme habillé en militaire se touche le sexe dans la pénombre derrière moi. La vieille pédale descend aussi, par peur de me perdre. Qu’est ce que je fais là ? J’avais embrassé Adrien dans le fauteuil en velours bleu. Qu’est-il devenu ? Tapin si jeune, il a sans doute mal tourné. Dans le plâtre usé du mur, j’ai retrouvé les traces de ce mot qu’on avait taillé ensemble. La pédale garde ses distances de peur du dégage. Le militaire sort complètement sa queue derrière moi. J’ai envi de pleurer. Le jeune mec à l’écran fait semblant de souffrir énormément. Les sanglots de ma gorge tentent de remonter, mais ce n’est plus possible. Je ne sais plus pleurer.
Je dis au vieux de me raccompagner à l’hôtel. Il s’exécute, trop content. Dans la voiture il tente de poser telle une pieuvre sa main sur ma cuisse. Plus tard je lui dis. Il flippe. On arrive à l’hôtel. Je sors de la voiture. Je monte. Je m’enferme, il fait nuit dans la chambre, je regagne mon lit essayant de ne pas réveiller les trois autres qui dorment. | |
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