Bételgeuse
| Sujet: Fragment #8 - Un difficile combat 08.04.08 11:11 | |
| Dimanche 18 juin 2006 à Dijon Allongée sur mon lit, je me laisse bercer par le chant des oiseaux. Mes volets sont à peine entrouverts, je ne sais même pas quel temps il fait, je ne sais même plus depuis combien de temps je fais le cadavre. Enfin je fais presque le cadavre. Un cadavre ne pense pas, n’est-ce pas ? Alors que moi, je pense, trop peut-être, et c’est ce qui m’empêche de faire autre chose que de rester allongée là, sur mon lit, bercée par les oiseaux. Ma mère m’a appelé. Elle m’a un peu fait la morale, parce que je ne donne pas de nouvelles. Elle m’a aussi demandé de revenir à Madrid pour quelques semaines. « Nos faltas a todas ». C’est à ce moment là que j’ai commencé à pleurer. Mama, si tu savais… Je n’y pensais plus, mais c’est vrai qu’elles me manquent aussi, ma petite mère courageuse, et Paula et Cristina, mes deux petites sœurs, mes deux colombes. Je ne veux pas qu’elles sachent ce que je suis devenue. D’ailleurs, pourquoi suis-je devenue ce que je suis ? Enfin, plutôt, pourquoi suis-je devenue ce que je fais ? Nous ne sommes que nos actes, et rien d’autre. J’essaie de me rappeler le moment où ça n’a plus marché comme il fallait, mais je ne retrouve plus, je perds de plus en plus la mémoire, il paraît que l’alcool y est sûrement pour quelque chose. On m’appelle. Je laisse mon portable sonner. Charlotte m’a laissé un message. Je ne voulais pas l’écouter, mais la curiosité est plus forte. Elle me dit qu’elle s’inquiète car cela fait plusieurs jours qu’elle n’a pas de nouvelles, qu’elle sait que je peux me mettre dans de sales états parfois. Ay, ay, ay Carlotta ! Une larme coule sur ma joue, cela me fait tellement de bien que des gens pensent à moi. Mais je culpabilise, de les décevoir, alors je décide de faire quelque chose de ma journée, je me lève, et contemple le champ de bataille où je vis. Je n'ai pas encore perdu la guerre.
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