Fragment #19 – Tout ce que je (croyais) déteste(r).

Alex est arrivé hier soir de Villeneuve-Saint-Georges. Je lui ai sauté au cou. Mon petit frère, rien qu’à moi pour le weekend, histoire que je me sente moins seule, entre Simon et ses amis. Nous sommes allés dîner tous les deux, dans un petit restaurant pas cher au vu de l’état de mes économies (je me dis que cette foutue crise économique et la récession qu’on annonce jusqu’à au moins fin 2009 ne va certainement pas arranger les choses). Rien que tous les deux. Mon petit frère et moi. Alex, grand, brun, gentil, souriant, rêveur, imaginatif, et musclé à en faire pâlir d’envie toutes les filles (et certains garçons) dans les rues de Paris. Désolée, ce garçon est à moi ce soir, et rien qu’à moi. N’essayez même pas de l’approcher, où je me la joue sœur ultra-possessive.
Petite vibration. C’est mon téléphone. Un texto de Damien.
Il me donne rendez-vous à 16h au Sacré Cœur.
Tu te souviens, Alex, de Damien ? Damien Den, le photographe de plateau sur le tournage de mon film, ce garçon diaphane, quasiment invisible aux yeux de tous, luminescent dans les miens, beau et pâle, mystérieux, muet, léger comme une ombre. Damien, furtif, évanescent, quelques flashs de lumière dans l’obscurité, une sorte de mémoire vivante, un dieu de la photokinésie.
Damien, doux, attentionné, sensible, renfermé. Tout ce que je (croyais) déteste(r).
Tout ce que j’adore désormais. Ce à quoi je pense avant de m’endormir. Ce à quoi je pense le matin au réveil. Ses lèvres, ses yeux, sa peau claire et blanche. Son corps d’homme, moins frêle que celui de Simon, plus grand aussi, plus masculin.
Je suis désolée, Simon, vraiment désolée. J’irai à ce rendez-vous, en sachant pertinemment que c’est une sorte de rencard amoureux, alors que je suis « engagée » avec toi. Je ne veux pas être engagée. Je ne veux plus. Je veux être libre, et heureuse.
16h. Rendez-vous au Sacré Cœur.